• https://soclecommun2012.wordpress.com/2012/03/15/claude-lelievre-il-faut-que-cela-change/

    Le socle commun n’a un sens plein que dans le cadre de la scolarité « obligatoire », celui de la bonne redéfinition de ce que l’on peut et doit en attendre, du «bien commun» (à savoir ce qui est jugé «indispensable», «obligatoire») qui doit être maîtrisé par tous et par chacun.
    Contrairement à une légende tenace, le «socle commun» ne vise pas en priorité à résoudre le problème des jeunes en échec scolaire (même s’il peut y aider). C’est tout à fait clair dans le premier texte officiel où l’expression apparaît (à savoir le rapport de 1994 du CNP) : «il s’agirait de relever le défi posé par ces élèves ‘’moyens-faibles’’ qui, sans être en situation d’échec scolaire, parviennent trop souvent en fin de collège munis d’un bagage dont c’est un euphémisme de dire qu’il est insuffisant».
    Et le décret d’application du 11 juillet 2006 est lui aussi très clair sur ce point : «S’agissant d’une culture commune pour tous les élèves, le socle traduit tout autant une ambition pour les plus fragiles qu’une exigence pour tous les élèves. Les graves manques pour les uns et les lacunes pour les autres à la sortie de l’école obligatoire constituent en effet des freins à une pleine réussite et à l’exercice d’une citoyenneté libre et responsable».
    Mais, pour bien des raisons, ce n’est pas en réalité cette politique qui a été menée. Il faut que cela change !

    Claude Lelièvre, historien de l’éducation


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  • En tant que porte-parole d’un collectif d’universitaires de toutes les universités québécoises qui a produit Manifeste pour une école compétente (2011), je désire apporter un point de vue sur les réflexions françaises à propos des débats actuels sur le socle commun de connaissances et de compétences.

    En regardant de l’extérieur ce qui se passe en France, il n’est pas surprenant de constater que ce qui était prévu dans la loi de 2005 n’est actuellement pas appliqué selon les fondements de départ. En France comme au Québec, les décisions importantes concernant l’éducation sont tributaires d’enjeux politiques, voire électoralistes. Ce n’est donc pas la pédagogie qui prime et la réussite de tous les élèves, mais plutôt ce qui contribue à l’élection des candidats et candidates.

    Une telle situation ne peut mener qu’à des incohérences dans les systèmes d’éducation. Il est vrai que la mise en œuvre de changements en éducation n’est pas simple, car tout le monde est allé à l’école et pense posséder une grande expertise en ce domaine. Pourtant, avec les recherches actuelles en sciences de l’éducation, l’apprentissage et l’enseignement se complexifient. Il devient difficile, voir néfaste, de tenir compte des points de vue plus ou moins divergents de l’électorat.

    Comme il a été recommandé dans le Manifeste pour une école compétente, la mise en place d’« une agence indépendante du gouvernement dotée de pouvoirs décisionnels pour piloter les changements en éducation » permettrait d’éviter les changements « à la pièce » pouvant mener à des essoufflements professionnels ce qui nuit à la réussite de tous les élèves.

    https://soclecommun2012.wordpress.com/2012/03/15/louise-lafortune-des-perspectives-pedagogiques-en-otage-des-enjeux-politiques/

    Louise Lafortune Ph.D. Professeure,

    département des sciences de l’éducation Université du Québec à Trois-Rivières


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  • La loi de 2005 a enfin formulé un objectif éducatif à l’école obligatoire en France, le socle commun de connaissances et de compétences. Elle apparaît à la suite d’un long combat raconté par Claude Lelièvre publié juste avant sa promulgation (L’école obligatoire : pour quoi faire ? Une question trop souvent éludée, 2004, Editions Retz).

    L’issue de ce combat on le voit est encore incertain. En effet le principe du socle commun s’oppose à celui de la méritocratie soit disant « républicaine ». La loi affirme que l’école obligatoire se doit de faire acquérir à tous les élèves ce socle commun. C’est sans doute un objectif utopique à atteindre, mais cela impose de ne pas considérer le socle comme un étalon de mesure et de classement des élèves.

    La conséquence et la condition pour que cet objectif s’incorpore réellement dans les pratiques pédagogiques, c’est tout simplement que les procédures d’orientation gérant la circulation des élèves dans le système soient supprimées.

    C’est la 13ème mesure que j’avais proposée aux Cahiers pédagogiques, formulée ainsi :
    Supprimer progressivement les procédures d’orientation au collège, en commençant par le palier 6ème. Cela donnerait du temps pour une reconfiguration des pratiques pédagogiques, une réelle mise en œuvre de l’éducation à l’orientation, et une réorganisation des lycées, qui incluraient une réelle seconde de détermination de son orientation (pour et par l’élève).

    La question des procédures d’orientation me semble absente des débats actuels à l’occasion de la présidentielle. Pour moi il est à la fois surprenant et logique que l’orientation, la manière dont elle fonctionne dans notre système scolaire, ne soit pas mise en débat.

    Ainsi, à aucun moment au cours du Grand débat de 2004, l’orientation n’a été remis en cause, ni par les enseignants, ni par les élèves (ils se plaignaient des conditions de l’évaluation, mais pas de l’évaluation elle-même par leurs propres enseignants), ni par les parents ! (Les Français et leur école. Le miroir du débat. Commission du débat national sur l’avenir de l’école. Dunod, 2004, 600 pages.) Au fond on a le sentiment que les procédures d’orientation en France se sont fondues dans le fonctionnement même du système scolaire. Et elles apparaissent comme normales, évidentes.

    Je résumerais ma position de la manière suivante : depuis 2005, le collège est le lieu où se termine l’acquisition, pour tous les élèves, du socle commun. L’objectif est bien pour tous les élèves. Or en maintenant les procédures d’orientation tout au cours du collège (6ème, 4ème, et surtout 3ème), on affirme la fonction sélective du collège. Cela explique que le collège n’a jamais pu être « unique », il a toujours différencié des parcours particuliers, permettant ainsi des prises de décision en fin de troisième à la fois plus évidentes pour les intéressés, et moins culpabilisantes pour les décideurs, les élèves ayant déjà été triés par les parcours.

    Maintenir l’orientation en fin de troisième c’est maintenir ces filières internes aux collèges. Que dire, alors de l’idée d’un préapprentissage en cours de collège… ?

    L’autre effet du maintien de la fonction de sélection du collège, c’est de maintenir les enseignants dans un paradoxe pragmatique : faire réussir tout le monde, mais s’arranger pour faire des différences pertinentes !

    source : https://soclecommun2012.wordpress.com/2012/03/15/bernard-desclaux-une-condition-oubliee-pour-le-socle-commun/

    Je développe ces idées sur mon blog Educpros :

     
    Bernard Desclaux
    Directeur de CIO et formateur

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  • L’avis sur « les inégalités à l’école » voté à la quasi-unanimité par le Conseil économique, social et environnemental en septembre 2011 préconise un certain nombre de mesures pour réduire ces inégalités, et notamment de mettre véritablement en œuvre le socle commun de connaissances et de compétences.

    À condition d’être bien mise en œuvre, cette réforme capitale présente à mes yeux quatre intérêts majeurs. En premier lieu, elle assigne à l’école une obligation de réussite pour tous, en imposant de mener chaque classe d’âge au niveau de fin de 3ème. Toutes les études montrent combien l’allongement de la scolarité et notamment l’abandon du palier d’orientation en 5ème avait bénéficié à tous et en particulier aux enfants issus de milieux défavorisés. Que cet objectif de réussite figure dans une loi d’orientation sur le système scolaire ne doit pas laisser penser que les conditions de la réussite sont du seul ressort de l’école : conditions de logement, mixité sociale de l’habitat, ressources des parents, tout cela et d’autres facteurs encore doivent être pris en compte. Mais cette réforme du socle commun constitue un maillon essentiel de la lutte pour la réussite de tous.
    En deuxième lieu, l’entrée par les compétences permet au jeune de se découvrir capable de savoirs faire transversaux, donnant sens aux savoirs qu’on lui demande d’acquérir, de construire. Bien entendu, il faut préciser la notion de compétence dans un contexte scolaire, ce n’est pas celui de l’entreprise qui relève d’une autre logique.
    L’acquisition du socle commun est l’objectif de l’école comme du collège, ce qui place ce dernier comme l’aboutissement de la scolarité obligatoire et non plus seulement comme l’antichambre du lycée général pour ceux qui peuvent y accéder. Cette réforme oblige désormais à piloter le collège autant par l’amont que par l’aval.
    Enfin, elle devrait amener à modifier radicalement le mode d’évaluation : non plus noter tout le monde en même temps pour constater qu’à chaque fois les mêmes ont moins bien réussi que d’autres, mais valider l’acquisition des compétences au fur et à mesure qu’elles sont acquises, chacun selon son rythme : école de la réussite et non plus machine à trier et donc à éjecter.

    Encore faudrait-il que cette réforme soit appliquée et non dénaturée comme elle l’a été, voire sabotée : baisse des postes certes, mais aussi absence d’une formation indispensable pour que les enseignants s’approprient le sens de cette réforme et la façon de la mettre en œuvre, retards inadmissibles de la mise en conformité des programmes, renforcement des évaluations contre-productives en primaire, absence totale de cohérence par exemple pour le DNB.

    Xavier Nau

    Membre CFDT du CESE et rapporteur de l’avis sur les inégalités à l’école.

    https://soclecommun2012.wordpress.com/2012/03/21/il-faut-reussir-le-socle-pour-reduire-les-inegalites-a-lecole/


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  • Le socle commun est un atout extraordinaire dans le processus d’évolution de l’Ecole :

    Dans une période où les moyens techniques posent de façon inédite la question de l’accès aux savoirs, il offre l’opportunité d’une définition des contenus scolaires en termes de compétences, ouvrant le champ ainsi à de nouvelles questions didactiques et pédagogiques : on n’enseigne pas une compétence, on réunit les conditions de sûreté et de sécurité qui permettent aux élèves de la développer.

    Par sa formulation, toute perfectible qu’elle soit,-  mais quel texte n’est pas perfectible ? – il est unevéritable valeur pour le système scolaire de notre pays, en proposant le cadre d’une culture commune, indispensable pour préserver l’unité nationale alors que les tendances communautaires et les propos d’exclusion se multiplient, y compris parmi les acteurs de l’Ecole.

    Dominique Raulin, didacticien des Mathématiques, ancien directeur du CRDP d’Orléans-Tours, a publié plusieurs ouvrages sur le socle commun, notamment dans la collection Livre Bleu du CRDP du Centre.

     

    source : https://soclecommun2012.wordpress.com/2012/03/22/dominique-raulin-un-atout-extraordinaire-dans-le-processus-devolution-de-lecole/


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