• Professeur certifié de Lettres, titulaire d'une maîtrise d'enseignement en philosophie, je suis actuellement à la retraite de l'Education nationale depuis 2010.

    J'ai été professeur de Français et de Philosophie dans l'enseignement privé sous contrat, puis de Français dans l'enseignement public, après l'obtention du CAPES de Lettres.

    Je ne me fais aucune illusion sur l'efficacité de mon témoignage qui recouvre une période de plus de trente ans sur tous les niveaux (collège, lycée, lycée professionnel), aussi bien dans des "lycées chics" de centre-ville (à Lyon), que dans des collèges de banlieue classés ZEP (zone d'éducation prioritaire pour les non-initiés).

    Personne n'écoute les personnels de terrain et surtout pas les technocrates "progressistes" de la rue de Grenelle (le ministère de l'Education nationale).

     

    Mais je commence à me faire vieux (65 ans, dont plus de trente à blanchir sous le harnais de l'Education nationale) et j'ai besoin de parler (etsi sum "vox clamantis in deserto"), d'autant que je ne suis plus soumis à l'obligation de réserve et que je ne risque plus rien (sous les apparences du pays des Bisounours, l'Education nationale est un système totalitaire et il faut veiller à rester dans le politiquement correct).

    Pendant trente ans, année après année, j'ai assisté à la destruction progressive de l'Ecole de la République. Le processus a commencé avec la Réforme Haby en 1975 (je faisais encore mes études universitaires) et s'est poursuivi sous le prétexte trompeur de la "démocratisation de l'Ecole".

    Les "crans d'arrêt" ou, si l'on préfère, les garde-fous mis en place par la Réforme contre le "collège unique" : orientation après la cinquième, CPPN, 4ème et 3ème technologiques, redoublements, etc. ont été peu à peu supprimés par les gouvernement successifs de Gauche comme de Droite, mais avec une nette accélération à partir des années 90 et la Loi d'orientation de 89, dite, "Loi Jospin", qui a mis, comme on le sait, l'élève "au centre du système éducatif".

    Ces réformes successives, appuyées par la pression du lobby pédagogiste piloté par l'inénarrable Philippe Meirieu (bien creusé, vieille taupe !) ont abouti à la situation catastrophique que nous connaissons aujourd'hui : 30 % d'élèves qui entrent en 6ème sans savoir lire et écrire correctement et qui ne possèdent pas les bases nécessaires pour effectuer un raisonnement mathématique et un collège qui ne parvient plus à combler les lacunes abyssales des élèves et dont nos responsables politiques ont décidé de "jeter l'éponge" en les transformant en "lieu de vie".

    Devant cette situation, n'importe quelle personne sensée se poserait la question de l'efficacité des méthodes d'enseignement utilisées (à de rares exceptions près) à l'école primaire : méthode globale, observation réfléchie de la langue substituée à la grammaire traditionnelle, cours de vocabulaire réduits à la portion congrue, suppression du "par cœur", multiplication des "sorties éducatives", introduction massive de l'informatique, de l'éducation à la citoyenneté, de l'éducation au tri des déchets ménagers et de toutes sortes de belles choses (j'en passe et des meilleures) dont je me garderais bien de nier l'utilité (ah ! le critère de '"l'utilité" !), mais qui ont eu une fâcheuse tendance à se substituer à la transmission des savoirs, les instituteurs (pardon, les "Professeurs des Ecoles") ayant été sommés de se métamorphoser en gentils moniteurs de colonie de vacances.

    Mais les technocrates de la rue de Grenelle (comme tous les technocrates du monde, par exemple ceux de Bruxelles) sont tout sauf des gens sensés et obéissent à une logique particulière : le collège français ne marche pas parce qu'il y a encore trop de transmission et "d'enseignements frontaux" et pas assez de "pédagogie progressiste", variante de : "le communisme ne marche pas parce qu'il n'y pas assez de communisme !" ou "l'Europe ne marche pas parce qu'il n'y a pas assez d'Europe !"

    Non, devant cette situation catastrophique, la nouvelle ministre de l'Education nationale a décidé d'accorder l'autonomie aux collèges et de donner les pleins pouvoirs aux chefs d'Etablissement (dont la plupart n'ont pratiquement jamais enseigné... pas fous !) et à ses "gentils" animateurs (-trices) d'équipes soigneusement choisi(e)s et d'obliger les enseignants à consacrer une grande partie de leur temps à des "projets transversaux interdisciplinaires" et à la généralisation des "parcours de découverte" de triste mémoire.

    On comprend bien que dans un tel contexte, la transmission de savoirs sérieux et d'outils de réflexion sont appelés à disparaître. La ministre actuelle jure ses grands dieux qu'il s'agit "d'apprendre autrement", mais avec la suppression des notes et des redoublements, les collèges sont forcément voués à devenir des garderies où, comme le dit Antoine Desjardins, professeur de Lettres, membre du collectif "Sauver les Lettres", ce ne seront ni les savoirs, ni même les élèves qui seront au centre, mais le vide.

    Je travaille actuellement dans un centre de formation privé dans une ville moyenne en province où je donne des cours particuliers et où je fais de l'aide aux devoirs et je suis bien placé pour me rendre compte des ravages de la pédagogie "new age" : faire les exercices avant la leçon, au nom de "l'autoconstruction de ses savoirs par l'élève", ne plus rien apprendre par cœur, ne plus ennuyer les élèves avec des cours de grammaire, etc.

    Si j'étais cynique, je devrais me réjouir de la situation actuelle qui nous amène de plus en plus de parents désemparés et d'élèves déboussolés. Mais je suis attaché à l'Ecole républicaine à laquelle je dois tout et ce que je vois se profiler à l'horizon, sous un gouvernement prétendument "socialiste" (Jean Jaurès doit se retourner dans sa tombe), c'est un système à deux vitesses : des établissement "super sympas", consacrés à "l'épanouissement" des enfants gamma, delta, epsilon et des îlots privilégiés (moins sympas, mais plus "efficaces") où ceux des classes dominantes (et des parents "bien informés", en particulier les notables socialistes qui ont mis la réforme en place), se consacreront à l'apprentissage de savoirs consistants. Les uns étant destinés, comme dans Le Meilleur des mondes de George Orwell à exercer des activités subalternes (du moins ceux qui auront la chance de ne pas se retrouver au chômage) et les autres (une minorité) à exercer des fonctions de responsabilité.

    L’Ecole de la République avait pour mission, jusque dans les années 60, de promouvoir le mérite et de compenser les inégalités liées à la naissance, à l'argent et au "capital culturel" des parents. Ce n'est plus le cas aujourd'hui.

    Il faut bien que le principe de plaisir cède un jour la place au principe de réalité. Les "initiés" savent bien que la sélection ne s'opère plus au niveau du lycée (on brade depuis quelques années le baccalauréat), mais de la première année de faculté et de la préparation aux Grandes Ecoles : Hypokhâgne et Khâgne, Centrale, Polytechnique, l'ENA, Sciences-Po, Ecole de médecine, Ecole vétérinaire, etc.) car la société aura toujours besoin de médecins, d'ingénieurs, de cadres supérieurs, etc.

    L'Ecole n'exerce plus sa fonction de promotion sociale et ce sont des gens prétendument de Gauche qui auront favorisé cet état de fait et porté le coup fatal. J'espère que les gens sincèrement de Gauche (s'il en reste !) s'en souviendront au moment de voter.

     

     

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    • (1 vote)
      howahkan Hotahhowahkan Hotah 5 juin 08:27

      témoignage....mes enfants ont 18, 16 et 10 ans..

      après 6 années en Irlande avec seulement 3 heures de français par semaine avec un prof non français, ils ont ( sauf le + jeune pas concerné) fait des progrès considérables en orthographe par rapport à la France.....je suppose que tout est de ce niveau..
      par contre ils sont donc bilingues en 5 ans...et ne font aucune faute en Anglais....

      par contre l’auteur dit : L’Ecole n’exerce plus sa fonction de promotion sociale et ce sont des gens prétendument de Gauche qui auront favorisé cet état de fait et porté le coup fatal. J’espère que les gens sincèrement de Gauche (s’il en reste !) s’en souviendront au moment de voter.

      l’école remplie totalement sa fonction de promotion sociale...un enseignement minimaliste pour une majorité de futur chromeurs...une armée de pauvre, les p aces en haut etant deja prises des la maternelle....

      dans un système pseudo compétitif, le vrai but est d’éliminer, et l’école participe totalement a ce rôle et est a ce titre un agent précieux de l’ancien désordre mondial....ADM, ou arme de destruction massive...


      • (3 votes)
        credohumanismecredohumanisme 5 juin 10:00

        @howahkan Hotah

        Dans le sens de votre témoignage, je vais ajouter ma petite pierre. J’ai fait, pour le plaisir, il y a quelque temps une année en fac de lettres j’assistais à des cours de première, seconde et troisième année.
        Le niveau en première année était incroyablement bas et les meilleurs étudiants (et de loin) étaient les étudiants étrangers qui avaient non seulement des connaissances en grammaire et en orthographe qui manquaient à l’immense majorité des français mais également une réflexion et une méthodologie bien supérieures.


      • (4 votes)
        howahkan Hotahhowahkan Hotah 5 juin 10:11

        @credohumanisme

        oui cela confirme...il semble évident que l’on assiste à une destruction volontaire d’un système qui déjà à la base est là pour aussi ,selon moi, créer une société compétitive donc qui élimine, donc qui est violente, pyramidale, donc qui est guerrière...etc....

        mais dans ce même système, je crois qu’il est maintenant question de toucher le fond..

        cela dit c’est en touchant mon propre fond, là ou « moi je » à tout perdu de son arrogance que enfin, un chemin autre s’est ouvert tout seul.....celui de la vie...

        nous ne sommes pas sur ce chemin...nous sommes sur celui de la survie physique..là ou le sens n’est pas et ne sera jamais...

         smiley


      • (8 votes)
        Jean J. MOUROTJean J. MOUROT 5 juin 09:06

        Je ne doute pas de vos qualités de professeurs ni du constat amer que vous faites de la situation actuelle de notre école. Mais, vous écrivez :

        "Ces réformes successives, appuyées par la pression du lobby pédagogiste piloté par l’inénarrable Philippe Meirieu (bien creusé, vieille taupe !) ont abouti à la situation catastrophique que nous connaissons aujourd’hui : 30 % d’élèves qui entrent en 6ème sans savoir lire et écrire correctement et qui ne possèdent pas les bases nécessaires pour effectuer un raisonnement mathématique et un collège qui ne parvient plus à combler les lacunes abyssales des élèves et dont nos responsables politiques ont décidé de « jeter l’éponge » en les transformant en « lieu de vie ».

        Je passe sur l’attaque habituelle contre Meirieu et le « lobby pédagogiste » (ce croquemitaine de tous les traditionnalistes) Mais ceux qui arrivent au collège sans avoir rien à y faire ne se contentaient-ils pas autrefois d’aller en apprentissage ou tout simplement de se mettre au travail dans des conditions parfois très dures ?

        Vous ajoutez :

        "Devant cette situation, n’importe quelle personne sensée se poserait la question de l’efficacité des méthodes d’enseignement utilisées (à de rares exceptions près) à l’école primaire : méthode globale, observation réfléchie de la langue substituée à la grammaire traditionnelle, cours de vocabulaire réduits à la portion congrue, suppression du « par cœur », multiplication des « sorties éducatives », introduction massive de l’informatique, de l’éducation à la citoyenneté, de l’éducation au tri des déchets ménagers et de toutes sortes de belles choses (j’en passe et des meilleures) dont je me garderais bien de nier l’utilité (ah ! le critère de ’« l’utilité » !), mais qui ont eu une fâcheuse tendance à se substituer à la transmission des savoirs, les instituteurs (pardon, les "Professeurs des Ecoles") ayant été sommés de se métamorphoser en gentils moniteurs de colonie de vacances« . 

        Quand quelque chose ne marche pas au collège la tentation est forte d’en incriminer les enseignants du primaire. Je ne voudrais pas défendre une évolution de l’école élémentaire vers le centre de loisirs, mais je crains que vous parliez de ce que vous ne connaissez pas bien : nul, à part quelques illuminés, n’enseigne la lecture par la »méthode globale" et l’échec du Primaire actuel n’est pas uniquement imputable aux méthodes ou aux enseignants mais à un environnement social qui n’est guère favorable aux apprentissages sereins et efficaces.


        • (6 votes)
          AlexAlex 5 juin 11:46

          @Jean J. MOUROT

          Je passe sur l’attaque habituelle contre Meirieu et le « lobby pédagogiste »
           
          Si votre boulanger fait du pain immangeable alors que celui d’à côté en fait du bon, le premier n’y est pour rien, c’est sûr !
          Je pense humblement que les responsables des programmes (dont on ne connaît PAS les noms) et de l’orientation de l’enseignement ont « quelques » responsabilités.
          Certes, ils ne sont pas les seuls : l’environnement joue un rôle important. Si les boulangers évoqués reçoivent une farine infecte, ils ne pourront pas faire du bon pain.
          Mais il est indéniable que les défauts du système portent la marque desultras post-68 qui ont profité de l’ancien enseignement pour se faire une place au Soleil. 
          On ne doit pas remplacer qqchose par du nouveau, mais par du meilleur. Et ceux qui font des erreurs doivent les payer.
           

        • (5 votes)
          bakerstreetbakerstreet 5 juin 12:04

          @Jean J. MOUROT

           
          Désolé de vous contredire car l’ensemble de vos propos sont juste, mais la méthode globale, appelée bien sûr « semi-globale », puis plus rien du tout, pour cacher le vers qui est dans le fruit, continue à faire des ravages. Une aberration, quand on sait qu’elle est bâtie sur un point de vue de l’esprit dogmatique, inepte, et que les sciences cognitives et l’imagerie médicale, ont démontré que ce que beaucoup savaient : C’est une machine à fabriquer un handicap majeur, de la dyslexie, ou plutôt de la dysorthographie. Stanislas Dehaene, neuroscientifique, gand prix inserm 2013, professeur au collège de france, nous dit ici que 75 % des « instituteurs » pour utiliser un mot qui n’a plus presse, fâcheusement, continuent à se servir d’un manuel d’apprentissage périmé, déconseillé par le ministère. Rien de pire que les habitudes, quand elles sont fâcheuses. J’ai pu expérimenté avec mes gosses, scolarisés dans les années 2000, combien cette méthode était à l’origine d’une catastrophe pour eux.
          Un seul regret, de ne pas leur avoir plus tôt appris à lire. C’est ce que j’ai fait d’ailleurs, dans l’urgence. 

           
           
           

        • (1 vote)
          Céline ErtalifCéline Ertalif 5 juin 16:09

          @Jean J. MOUROT  « Quand quelque chose ne marche pas au collège la tentation est forte d’en incriminer les enseignants du primaire. » Exact ! et ceux du Supérieur disent que ceux du secondaire sont nuls, et qu’ils n’enseignent que la vulgate lointaine de leurs études supérieures mal digérées.

           



        • (0 vote)
          Fifi Brind_acierFifi Brind_acier 6 juin 06:32

          @bakerstreet
          Je crois que ce spécialiste se trompe. La dyslexie est connue... depuis Jules Ferry !
          Les handicaps d’apprentissage ne sont pas liés aux méthodes d’apprentissage de la lecture.
          Sinon, tous les élèves d’une même classe deviendraient dyslexiques, ce qui n’est pas le cas.
           
          C’est un problème qu’on retrouve dans le monde entier qui concerne 8 à 10% des enfants. 
          Et tous les pays n’utilisent pas les mêmes méthodes. 

            Qu’il y ait « un mauvais câblage » des cerveaux, c’est plus que probable, mais ce ne sont pas les méthodes d’apprentissage qui les provoquent. Il suffit de chercher dans la famille d’un dyslexique, il y a toujours d’autres dyslexiques, ce serait plutôt une transmission génétique.

            Pour ceux que cela intéresse, il existe un site qui propose des exercices dans toutes les disciplines : DYS sur DYS.


          • (1 vote)
            (Mowgli|attribut_html)Mowgli 6 juin 09:41

            @bakerstreet
            Pas besoin d’en appeler aux sciences cognitives ni à l’imagerie médicale pour voir la profonde imbécilité de la méthode globale.

            Le principe, c’est que l’enfant reconnaît (en réalité, devine) les mots d’après leur aspect général. Toto découvre que tel mot se dit « papa » qui dépasse par le bas en deux endroit alors que « maman » ne dépasse ni par en haut ni par en bas. Bravo, Toto !

            Maintenant, Toto, lis-moi « PAPA MAMAN »

            Vous avez là démontrée l’incroyable absurdité de la méthode globale. On se demande à quoi a servi l’invention de l’alphabet et à quelles espèces de crétins on a affaire qui ont considéré cette méthode globale ne serait-ce qu’un instant sans s’exclamer aussitôt « qu’est-ce que c’est que cette connerie ? »


          • (0 vote)
            Henrique DiazHenrique Diaz 7 juin 09:26

            @Jean J. MOUROT
            L’argument habituel des pédagogistes est que les méthodes traditionnelles produisaient beaucoup d’inégalité sociale. C’est encore le leitmotiv de la réforme de NVB : il faut finir de casser ce qui marchait encore un peu. Mais si effectivement on envoyait en apprentissage très tôt, cela permettait à ceux qui n’aiment vraiment pas étudier de ne pas perdre leur temps à subir des cours qui mettent en évidence chaque jour un peu plus leur manque de goût pour l’étude.

            Aujourd’hui, l’élève peu impliqué dans les études va venir au collège uniquement pour accroître son désintérêt pour les connaissances abstraites et livresques jusqu’à la troisième. S’il a l’intelligence de comprendre qu’il faut qu’il s’oriente dans l’enseignement professionnel, il pourra être pris en CAP mais il ne sera pas pris au lycée professionnel car c’est désormais l’enseignement sélectif : plus coûteux que le lycée polyvalent, les places y sont chères, il faut avoir montré de l’investissement au collège pour y avoir une place. Donc il va continuer d’apprendre le métier de chômeur consommateur au lycée polyvalent, où on le fera passer sans aucune exigence dans les classes supérieures pour lui donner le bac au rattrapage, voire sans mention, voire même avec mention AB s’il est un peu doué quand même dans une seule matière.

            Ensuite, comme le dit l’auteur, quand le collège unique est arrivé, il y avait des gardes fous, qui permettaient à l’école de s’adapter à la diversité des profils de ses élèves, et tous ces gardes fous ont ensuite été supprimés un à un. 

            Concernant l’école primaire comme l’ensemble du secondaire d’ailleurs, ce n’est pas tant une question de méthode globale que d’esprit de l’enseignement. Si on veut à tout prix que l’enfant apprenne sans difficulté, comme si la difficulté était nécessairement déplaisante, on fera en sorte de supprimer les enseignements difficiles et peu attrayants par eux-mêmes, comme la grammaire pour le remplacer par des exercices ludiques où l’enfant est censé découvrir par lui-même les règles qui lui permettront de progresser, exercices qui resteront toujours moins attrayants que les consoles de jeu et très aléatoires en dernière analyse quant aux résultats.

            Bien plus que les méthodes ou les programmes, c’est l’organisation de l’enseignement qui est porteur de cet esprit : un professeur des écoles aujourd’hui doit à ses élèves une « étude » de l’anglais, du civisme, de l’écologie, d’informatique et des sorties « pédagogiques ». Aussi, même s’il essaye de privilégier les enseignements fondamentaux, le professeur des écoles ne pourra pas aider ceux qui sont en difficulté à passer le cap. Et il n’aura tout simplement pas le temps de faire de la grammaire, de faire réciter des poésies ou du calcul mental. Et comme il est devenu pratiquement impossible de le faire redoubler, l’élève comprendra très vite qu’il n’a pas besoin d’apprendre sérieusement pour "continuer l’aventure". Rétablissez le redoublement, les heures de français, de mathématiques et d’histoire, revenez à la culture du plaisir du dépassement de soi par l’effort et les choses iront beaucoup mieux.

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          • (15 votes)
            VolponeVolpone 5 juin 09:07

            EXCELLENTE ANALYSE
            Mais tout cela fait partie d’un vaste PLAN destiné à rendre les masses incultes pour ne pas réfléchir.
            Dans cette affaires les SOCIALOS sont les pire FAUX CULS qui existent. Ils sont là me disait un très veiux socialo en 1970 pour que JAMAIS le peuple n’ait droit à la parole, 
            il avait raison smiley
            D’ailleurs tous les ministres socialos sont passés par les young leaders dont Hollande en 1996
            comme les Ripoublicains (sauf TOTO, pas besoin, il est tombé dans la marmite étant bébé)
             smiley


            • (9 votes)
              (non667|attribut_html)non667 5 juin 09:46

              @Volpone
              Mais tout cela fait partie d’un vaste PLAN destiné à rendre les masses incultes pour ne pas réfléchir.
              tout à fait  ! on assiste depuis 70ans (transformation du ministère de l’instruction publique en ministère de l’éducation nationale = ôter les enfants de leur famille pour les formater à l’idéologie ! ) à un sabotage volontaire !
              il n’y a plus à mégoter , il faut être conséquent ,reconnaître que l’on à été cocus et virer ceux qui l’on fait = front ripoublicain 
              concrètement seule solution : voter fn !


            • (6 votes)
              (tf1Groupie|attribut_html)tf1Groupie 5 juin 12:39

              @non667
              Cette théorie de la destruction programmée est d’une bêtise sans nom, retournez à l’école et apprenez à réfléchir


            • (3 votes)
              (non667|attribut_html)non667 5 juin 14:19

              @tf1 groupie
              dites moi ce que vous prenez pour digérer les armes de destruction massives de saddam ?
              ou plutôt quelle vaseline ! smiley smiley smiley smiley


            • (3 votes)
              (tf1Groupie|attribut_html)tf1Groupie 5 juin 15:37

              @non667
              Vous avez oublié de me parler de l’Antéchrist, des Illuminati , de Roswell et des premiers pas sur la Lune, faites un effort bon sang !

              Lachez-vous , trouvez-nous des explications bien fumeuses : au moins pendant ce temps-là on ne s’intéressera pas aux solutions concrètes.


            • (0 vote)
              Henrique DiazHenrique Diaz 7 juin 09:24

              @tf1Groupie Comment expliquez vous que depuis les années 70, comme l’indique l’auteur, on a systématiquement fait ce qu’il fallait pour détruire pierre après pierre l’autorité des enseignants, la culture du dépassement de soi par l’effort, la transmission d’un savoir exigent et rigoureux avec la réforme Haby qui a initié cette voie de la démocratisation de l’enseignement par sa dévalorisation ? Prétendrez vous que l’introduction massive d’enseignements non fondamentaux en primaire, l’encouragement à la multiplication des activités ludiques, la suppression du redoublement etc. n’y sont pour rien dans la baisse de niveau scolaire (orthographe, capacité à suivre un enseignement de plus de 15 mn, sans images dans tous les sens, capacités de raisonnement etc.) ?

              Si vous ne le prétendez pas, pourquoi les partis de gouvernement se sont acharné depuis plus de 40 ans dans cette voie ?

              Enfin, ignoreriez vous l’existence de l’AGCS qui n’a fait que formaliser un mouvement de libéralisation initié à la fin des années 60 ?


            • (0 vote)
              (rotule|attribut_html)rotule 7 juin 09:54

              @Volpone

              Le plan est expliqué sur http://www.oecd.org/fr/dev/1919068.pdf :La Faisabilité politique de l’ajustement par Christian Morrisson.Cela date de 1996 et c’est en application depuis.


            • (8 votes)
              esoteesote 5 juin 09:47

              On pourrait penser que l’échec massif des réformes successives du système éducatif n’est qu’une suite de faux pas malheureux opérés, avec une belle constance, néanmoins, depuis 30 ans,par des gens de bien mais qui n’ont vraiment pas eu de chance,dans leur entreprise. 
              Mais, en lisant votre constat très éclairant , on peut aussi se demander si le but recherché n’est pas, au final, de saboter, tout en s’en défendant vigoureusement, l’ascenseur social, afin de maintenir la masse dans l’ignorance et, donc, la soumission . Afin de conserver son pouvoir exclusif, à la même petite élite.
              Après tout, les esclaves ont ils réellement besoin d’apprendre à penser ?...
              Sans oublier les intérêts économiques énormes que représente le « gâteau » du système éducatif et, sans doute, quantité de lobbies à la manoeuvre, inlassablement, auprès des « bonnes personnes » de l’institution...
              Si l’opinion publique en venait, un jour, à cesser de soutenir « son » éducation nationale et à lui préférer des solutions alternatives privées, la fortune de certains serait, à coup sur, assurée.
              N’est-ce pas, d’ailleurs, ce que sous- entend la formule « libéralisation des services » chère aux européistes de tous poils ?
              Merci pour cet article intéressant et salutaire.


              • (7 votes)
                DwaabalaDwaabala 5 juin 11:20

                Une belle réflexion, dont il faut profiter ; car il n’est pas certain qu’elle soit encore possible quand l’effet des réformes se fera sentir chez les enseignants eux-mêmes.


                • (5 votes)
                  (njama|attribut_html)njama 5 juin 11:50

                  Toutes les réformes successives du système éducatif correspondent il me semble aux mutations économiques du pays dans le contexte de la politique européenne et de la mondialisation :
                  Désindustrialisation rapide sans précédent historiquement par des délocalisations massives >> ce qui entraine des suppressions dans les filières professionnelles et d’apprentissage devenues pour la plupart inutiles (CAP, BP), et remplacement par le « collège unique », dont le très philanthropique « 80 % d’une classe d’âge au baccalauréat » de Jean-Pierre Chevénement en 1985 n’est que le prolongement et une façon de gérer le social en période d’inflation galopante du chômage. Ce qui vérifie l’adage que l’école est a service de la nation !
                  Il suffit de corréler avec l’évolution des chiffres du chômage pour s’en apercevoir (de 1974 à 1980, progression de 3 à 6 %, puis 10.5% pour la France en 1987, et 12.3% en 1996), car que feraient donc ces jeunes sur un marché du travail déjà saturé sinon que venir grossir encore le nombre des chômeurs ? Maintenant le problème est inverse, il y a trop de diplômés d’universités sur le marché de l’emploi ...


                  • (5 votes)
                    (tf1Groupie|attribut_html)tf1Groupie 5 juin 15:41

                    @njama
                    En proportion les individus « sous-qualifiés » sont beaucoup plus représentés à pole emploi que les Bac +X.
                    Ce n’est donc pas la bonne explication.

                    L’Ecole a assez peu de d’impact et même de lien avec le chomâge.

                    Par contre les gens peu éduqués sont beaucoup plus sur-endettés et manipulables.


                  • (6 votes)
                    (tf1Groupie|attribut_html)tf1Groupie 5 juin 12:51

                    Merci de ce retour d’expérience même s’il comporte son lot de subjectivité et de constats qui peuvent être contestables.
                    Je pense que pour parler de l’Ecole il est d’abord utile de croiser les témoignages de ceux qui sont, ou ont été, sur le terrain.

                    Il y a quand même une chose qu’il faut dire :
                    l’Ecole française n’est pas dans un état catastrophique contrairement à ce que certains aiment bien dire.
                    Il y a encore beaucoup d’élèves qui réussissent encore très bien dans cette Ecole, et par ailleurs, si on est honnête, la plupart des autres pays comparables (Allemagne, Angleterre, Etats-Unis, Italie et même Irlande) sont confrontés aux mêmes problèmes que nous et ne font pas beaucoup mieux.

                    Déjà parce que la nouvelle génération d’élèves et la société ont beaucoup évolué.

                    Certes le niveau se dégrade, mais il ne faut pas éxagérer trop non plus.

                    Un élément fondamental est que l’Ecole Française ne se réforme pas depuis des années, pour beaucoup de raisons, politiques d’abord, mais aussi parce que la population française passe son temps à dénigrer toute réforme et parce que la population enseignante est aussi hyper-rigide et hostile à toute tentative d’évolution.

                    Bref aucun changement ne parait possible tant qu’on ne sera pas au pied du mur.
                    Mais c’est assez spécifiquement français, et ça n’a rien à voir avec la Gauche, la Droite ou l’Extrême-Centre.


                    • (4 votes)
                      Olivier PerrietOlivier Perriet 5 juin 13:21

                      @tf1Groupie
                      Moi j’ai bien aimé ce témoignage « de terrain » et surtout la phrase en introduction, je cite :
                      Le processus a commencé avec la Réforme Haby en 1975 (je faisais encore mes études universitaires) et s’est poursuivi sous le prétexte trompeur de la « démocratisation de l’Ecole »

                      En fait l’auteur nous explique qu’il a la nostalgie de l’enseignement « d’avant », mais qu’il n’était pas enseignant « avant » !


                    • (3 votes)
                      (tf1Groupie|attribut_html)tf1Groupie 5 juin 15:34

                      @Olivier Perriet
                      Dire que ne pas être en accord avec la réforme Haby équivaut à déclarer qu’on est pour l’enseignement « d’avant » est carrément excessif !

                      Si vous n’êtes pas d’accord avec la réforme Belkacem c’est que vous êtes pour « l’enseignement d’avant » ??

                      Le collège unique ne fonctionne pas, tout le monde le sait mais idéologiquement on a du mal à le mettre en question.


                    • (3 votes)
                      Olivier PerrietOlivier Perriet 5 juin 15:58

                      Je ne fais que citer l’auteur, qui a selon ses propres termes, « assisté pendant 30 ans » à « la destruction » d’un système qu’il n’avait pas connu en tant qu’enseignant.

                      Je ne parlais pas de ce que je pense (et si vous voulez savoir, je pense effectivement que cette enième réforme, comme l’action de V Peillon, est un désastre).


                    • (7 votes)
                       C BARRATIERC BARRATIER 5 juin 16:24

                      J’ai travaillé à l’école bien avant HABY et je témoigne de la catastrophe que représentait le colège à 3 vitesses avec des élèdits de type1, ou de type 2 ou de type 3, - les pauvres !
                      Je veux témoigner que le rôle des enseignants est primordial. Ceux qui se forment et travaillent en équipe ont des résultats sensationnels et jamais de problème de discipline. Les collégiens, les lycéens ont vite fait de jauger leurs enseignants...don le principal défaut est de surévaluer, et alors qu’ils veulent une autorité indiscutée refusent celle de leur chef d’établissement...alors qu’eux même sont incapables de prendre cette fonction. Ils sont responsables pédagogiques de leur classe, leur pincipal ou proviseur est responsable pédagogique de tout l’établissement et sait très vite à quoi s’en tenir sur le potentiel minable de quelques professeurs. Qui ne représentent pas du tout la majorité.Je veux témoigner du sérieux de la majorité des enseignants qui ne se polsrisent pas sur le programme, mais sur leur travail quotidien, pas à pas...
                      Sarkozy avait supprimé la formation des maîtres. L’auteur dit avoir eu un CAPES qui n’a pas grande valeur pédagogique certes, mais cela ne lui a pas évité l’échec.
                      J’ai bossé avec l’école FREINET, avec les CRAP (qui sont pour la réforme), dont les membres sont des enseignants qui réussissent en groupe tout simplement...
                      Voici une idée de ce qu’on peut réaliser en lycée, et ) tous les niveaux j’en dirais autant, en insistant sur l’efficacité des enseignements techniques et professionnels. Aujourd’hui même les universités s’y mettent.
                      Hello professeur de lettres, combien avez vous écrit de poèmes, d’essais, de romans ? Ceux qui savent le faire le font disait Bernard Schaw. (orthogrphe ?), ceux qui ne savent pas le faire l’eneignent.

                      On peut souvent savoir faire et l’enseigner...

                       

                      Pédagogie et méthodes actives, le lycée de demain ?

                       

                      http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=198


                      Je ne défends pas MEIRIEUX qui n’a lui non plus réussi ni dans l’enseignement privé, ni dans l’ensignement public, ni dans la formation des maîtres...


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                        AlexAlex 5 juin 22:05

                        @C BARRATIER

                        Curieux d’avoir choisi un nom tel que CRAP smiley
                        Heureusement que peu d’enfants connaissent l’argot US !

                      • (0 vote)
                        Jean J. MOUROTJean J. MOUROT 6 juin 15:15

                        @Alex
                        CRAP= Cercles de recherche et d’action pédagogique


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                        AlexAlex 6 juin 20:38

                        @Jean J. MOUROT

                        Merci, j’avais déjà trouvé.
                         
                        Hors sujet : un coup d’œil sur votre fiche montre que vous êtes un utilisateur intensif des ciseaux de la censure. Avec 27 refus de parutions en un mois, vous devez détenir un record ! 

                      • (3 votes)
                        Céline ErtalifCéline Ertalif 5 juin 17:06

                        Je pense que ce témoignage est à la fois sincère et honnête, et qu’il décrit une réalité - vue d’une fenêtre obtuse.

                         
                        L’école actuelle est toujours construite sur le modèle taylorien et fordiste des classes d’âge, avec une vision verticale du pouvoir d’une administration centralisée. Le modèle de production fordiste est totalement dépassé et le modèle keynésien qui a suivi (reposant autant sur la consommation que sur la production) est en train de sombrer.
                         
                        Comme dit Bernard Stiegler, l’emploi nous fait faire autant d’âneries que de choses utiles, et surtout l’emploi n’est pas le travail. Et dans ce bouleversement là, l’école ne peut évidemment qu’en être profondément affectée, directement et indirectement. Peut-être qu’un professeur retraité qui a enseigné les lettres et la philosophie peut s’intéresser à un philosophe contemporain qui compte, c’est une suggestion en passant...
                         
                        On peut regretter un modèle scolaire du passé, ce n’est pas celui-là qui donnera des perspectives de promotion sociale comparable à l’intégration que l’ancienne société de croissance économique ouvrait. Nos enfants devront construire avec intelligence dans une société avec moins d’emplois, moins de gaspillage énergétique, avec des perspectives que nous ne savons même pas décrire. Sauf qu’il faudra moins dépenser, mais penser tout autant, faire attention aux pièges et savoir collaborer contre les Big Brother. Voilà de quoi revisiter nos classiques, Orwell peut rester dedans !
                         
                        Le modèle scolaire est en crise parce que le modèle social est en crise, et non pas l’inverse. La description de la réalité scolaire doit être faite sans pitié, il y a de vrais problèmes mais ils ne sont sûrement pas essentiellement ce qu’en dit ce témoignage. Je suis attristée d’être d’accord avec Gabriel Cohn-Bendit, plus âgé que vous : il faut d’abord sortir les enseignants de leur enclos, remettre les enfants et l’apprentissage dans la société plus globalement.
                         
                        Je suis vraiment désolée d’être sans doute désagréable. J’ai une fille à l’école primaire, pas de télé, pas mal d’internet (mais pas de Facebook), je vois bien que les enseignants ont un savoir-faire mais aussi qu’ils sont prisonniers d’un monde parcellisé absurde où les enfants sont infiniment plus coupés du monde des adultes que ne l’étaient les enfants de la Guerre des boutons d’Yves Robert.

                        • (2 votes)
                          Olivier PerrietOlivier Perriet 5 juin 17:13

                          @Céline Ertalif
                          Vous en voulez trop.
                          Faute d’en avoir trop, on n’a plus rien.
                          Si les politiques ne peuvent pas tout, alors l’école, à plus forte raison, n’a pas à être chargée de résoudre tous les problèmes du monde. à mon avis


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                          (tf1Groupie|attribut_html)tf1Groupie 5 juin 17:56

                          @Céline Ertalif
                          Ce serait quoi une école « en relation avec le monde des adultes » ?

                          Des séances de cours avec une pub toutes les 25 minutes ?

                          Un accès direct à Wikipédia et une imprimante pour faire les exposés ? (ceci dit on en est plus très loin : pendant les contrôles de langue certains élèves sortent leur smartphone pour utiliser Google traduction).

                          Des cours pendant lesquels 25% des élèves se mettent en inactivité pou être en accord avec le taux de chômage ?


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                          Céline ErtalifCéline Ertalif 5 juin 18:07

                          @tf1Groupie  On a du mal à imaginer autre chose et c’est pourtant nécessaire. Vous réécrivez ce que j’ai dit « Ce serait quoi une école « en relation avec le monde des adultes »  ? ».

                           
                          Mon propos est sans prétention. Les enfants de La guerre des boutonssavaient ce que faisaient leurs parents et ils grimpaient sur les tracteurs. Que savent les enfants aujourd’hui ce que font leurs parents derrière les murs de leur entreprise ou de leur administration ?



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                          (tf1Groupie|attribut_html)tf1Groupie 5 juin 20:46

                          @Céline Ertalif
                          Il me semble que l’Ecole a déjà beaucoup évolué depuis le temps où la France était majoritairement agricole ; même vous n’avez pas connu cette école genre Pagnol.
                          Et les enfants d’agriculteur n’étaient pas concernés par le collège.
                          Alors je ne comprends pas le sens de votre comparaison.

                          Après, dire « une autre école est possible » oui, peut-être, mais en attendant d’avoir trouvé, pourquoi jeter ce qui a fait ses preuves pour vous comme pour moi ?

                          Et notamment le respect que l’on montrait envers les adultes, le goût d’apprendre...


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                          Fifi Brind_acierFifi Brind_acier 5 juin 18:59

                          Déconsidérer les enseignants et faire baisser la qualité de l’enseignement, deux moyens pour justifier à terme la privatisation. C’est ce que l’ OCDE expliquait déjà en 1996.

                          Extraits :

                          « On peut réduire les crédits de fonctionnement, mais pas la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement. » 

                          « La formation tout au long de la vie doit être assurée par des prestataires de services.
                          Les enseignants qui subsisteront s’occuperont de la population non rentable ».

                            L’UPR propose de sanctuariser l’école en l’inscrivant dans la Constitution, comme non privatisable.
                            Après la sortie de l’ UE, évidemment. Dans ce bouzin européen, où les piranhas de la finance ne rêvent que de privatiser les biens publics, il n’y a aucun avenir pour l’école publique. 
                              Les privatisation des services publics sont à l’agenda de la Commission européenne.

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                                Daniel54Daniel54 5 juin 23:31

                                Une analyse à laquelle j’adhère totalement . Elle pose exactement le problème : les pédagogistes de la rue de Grenelle. Qu’ils dégagent donc , tous ces bien pensants qui ont perdu le sens de la réalité sur le terrain.


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                                  Boogie_FiveBoogie_Five 6 juin 00:08

                                  Vous avez eu de la chance de connaître une école qui marchait à peu près correctement. Elève du collège des années 90, ça a été une catastrophe, d’autant plus que je ne suis pas allé dans les meilleurs établissements, surtout au collège. 

                                   
                                  Là où j’apporterai un petit bémol, je trouve, comme beaucoup de vos collègues, que vous idéalisez trop l’école méritocratique d’antan. Et cela ne nous aide en rien, parce que toutes les réformes depuis les années 70 n’ont pas fait table rase de ce qui a été fait avant, ces mêmes réformes prolongent certains héritages, et je crois qu’il y a aussi un problème de structure posé par la vieillesse des établissements et des traditions qui y sont liés. C’est peut-être aussi l’école de la IIIème République qui doit être rénové, pas seulement les approches pédagogiques depuis les années 70. La France a énormément changé depuis 1880, ce n’est plus le même territoire ni la même population, tout cela est à prendre en compte. 
                                   

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                                    Jean-François DedieuJean-François Dedieu 6 juin 06:51

                                    Merci l’auteur mais je vous trouve injuste concernant Haby, le seul à avoir baissé l’effectif en collège à 24 à une époque où, avec un nombre d’élèves multiplié pratiquement par 6 depuis la guerre exigeait la construction d’un collège par jour (sous Pompidou) ! 
                                    En 2013, chaque prof du secondaire devrait se retrouver mathématiquement face à 16 élèves, sauf que les classes chargées sont la norme... Où sont donc, que font donc ces trop nombreux pédagos qui devraient avoir des enfants en charge ? Combien sont-ils, 30 %, 40 % ? Quelle mission servent-ils ? Sont-ils détachés auprès de l’administration ? 
                                    Mon cher collègue, pour avoir connu, comme vous sûrement, de Guichard à Chatel, 17 ministres en 40 ans, je me demande si derrière ces 17 marionnettes, ce n’est pas la puissance opaque et nuisible des tireurs de ficelles indéboulonnables (pas d’élections pour les « Hauts » fonctionnaires et subalternes des autres castes !) qui nous a menés dans le mur ! Ceux qui s’enkystent depuis l’avènement de François Ier ont été traités de « sinistres crétins »... Je crains malheureusement qu’il y ait du vrai sous ce constat au vitriol, émanerait-elle de Natacha Polony...  


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        • Mardi, 27,61% des professeurs des collèges publics ont fait grève selon le ministère, et «plus de 50%» selon le Snes-FSU.

           

          VOTRE AVIS - Nos internautes surprennent, et soutiennent les professeurs grévistes. Voici pourquoi.

          Fronde anti-réforme ou anti-gouvernement? Alors que ce mardi, le corps enseignant battait le pavé à Paris et en province, pour dénoncer la réforme du collège, celle-ci était inscrite au Journal officiel ce mercredi. Nos internautes soutiennent massivement les grévistes, mais... pas toujours pour les mêmes raisons.

          Les charges contre la direction prise par Najat Vallaud-Belkacem sont très nombreuses. «Généralement, je suis contre toutes les grèves. Mais là, les manifestants ont parfaitement raison.NVB veut niveler par le bas un enseignement qui ne marche pas si mal. Mais les bases doivent être maîtrisées avant d'entrer au collège», soutient Le Rigolo. Pour Tibalou, «qu'ils fassent grève pour leurs désaccords avec le gouvernement, c'est une bonne chose. Ce n'est pas aux politiques de faire les programmes scolaires! [NDLR: ce dont la ministre s'est défendue, dans une tribune sur le Figaro Vox]» Et Kiolos se contente d'une attaque ciblée: «Tout ce qui peut affaiblir et mettre en péril la ministre est bon à prendre. Je ne suis pas tellement derrière les enseignants, mais il faut savoir se serrer les coudes face au danger et à la menace

          Mais pour beaucoup d'internautes, comme Valérie, prof de lettres dans un établissement de Marseille, la priorité reste malgré tout la protection de l'enseignement: «Pour la première fois en quinze ans je suis en grève, parce que les langues anciennes ne doivent pas mourir, réduites en miettes jetées aux élèves qui méritent mieux. Elles doivent rester un enseignement sérieux, motivé et motivant!» Pour Henri, c'est la suppression des classes européennes qui pose problème: «Elles permettaient aux élèves volontaires et décidés à travailler plus! Cette suppression montre bien la philosophie profonde de cette réforme: plus une tête qui dépasse, tout le monde au ras des pâquerettes.»

          «Les syndicats veulent en rester à un enseignement “Shadok”»

          Td2554 soutient que «l'interdisciplinarité» n'a pas de sens, «alors que les collégiens n'en sont qu'à apprendre le b.a.-ba des différentes disciplines». Plus tempéré, Mich9229 donne un exemple: «Un principal doit organiser une section interdisciplinaire sur le sujet du réchauffement climatique, et son épouse, prof de SVT au même endroit, manque d'heures. À moins qu'il ne soit en instance de divorce avec elle, croyez-vous qu'il ira chercher le prof d'histoire-géo pour assurer ce cours? À méditer!»

          Pour autant, les critiques — plus traditionnelles — des enseignants (et de leurs syndicats) reviennent également dans les commentaires. Ainsi, notre internaute Claude se montre très virulent: «Les syndicats veulent en rester à un enseignement “Shadok”: bourrer les crânes des élèves au lieu de s'adapter aux nouvelles technologies, plus prometteuses pour l'apprentissage des matières. Supprimons leur l'os qu'ils ont dans le nez.» Et J.C. Colette de fustiger: «Les enseignants sont responsables de la débâcle de l'éducation en France, ils devraient se remettre en question et voir où le bât blesse. Quelles que soient les réformes, les ministres qui les font, et leurs partis politiques, ils font grève...»

          Et justement, Misserghin est retraité de l'Éducation nationale: «Je trouve navrant et triste de voir mes jeunes collègues s'acharner contre notre courageuse ministre, qui souhaite rehausser le niveau de tous les enfants, quelle que soit leur origine. Donner à tous un meilleur bagage littéraire via le latin, laisser la possibilité d'apprendre une seconde langue, que les établissements aient plus de liberté dans la gestion de leur capital horaire, ce sont des bonnes choses. Aux camarades du SNES et autres syndicats de gauche, je leur demande de cesser de faire de la politique, et de s'occuper de la pédagogie dans l'intérêt des enfants.»


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        • Pourquoi il faut rendre le Conseil supérieur des programmes vraiment indépendant

          FIGAROVOX/TRIBUNE - Parité pour les auteurs de littérature, recours aux langues de l'immigration dès la maternelle: Annie Genevard, membre du Conseil Supérieur des Programmes, dénonce les choix idéologiques initialement envisagés pour la réforme.


          Professeur de lettres classiques, Annie Genevard est députée du Doubs, Marie de Morteau et secrétaire de la Commission des Affaires culturelles et de l'Éducation de l'Assemblée Nationale. Elle est également membre du Conseil Supérieur des Programmes.


          Créé par Vincent Peillon dans la Loi de Refondation de l'école adoptée en 2013, le Conseil supérieur des Programmes compte 18 membres nommés en son temps par le Ministre. Des universitaires, scientifiques, sociologue, médecin, enseignants, représentants du monde associatif, parlementaires, le composent. Membre de l'UMP, je fais partie des 6 parlementaires, 3 sénateurs et 3 députés, qui ont été nommés par le ministre, dont deux de l'opposition. L'idée du ministre d'alors est que l'éducation n'est pas seulement l'affaire des enseignants mais que ce qu'il est convenu d'appeler la société civile y a sa place également.

          La concomitance de l'annonce de la très contestée réforme du collège avec la parution des programmes de cycles 2, 3, et 4, c'est à dire depuis le CP jusqu'à la 3ème, qui sont deux démarches indépendantes l'une de l'autre, ont agrégé et démultiplié les critiques à l'encontre de l'une comme de l'autre.

          Réformer l'institution plutôt que d'abandonner ce qui a fait ses preuves

          De la réforme du collège, on retiendra surtout le coup porté aux disciplines des langues anciennes et de l'allemand qui suscite une très large réprobation, y compris à l'international. Au motif très idéologique que les sections européennes, les classes bilangues ou les langues anciennes ne profitent pas à tous -l'obsession illusoire du «pour tous» a encore frappé- on supprime ce qui marche et qui contribue d'ailleurs à lutter contre l'évitement scolaire dans les zones défavorisées.

          Ce n'est pas le moindre des paradoxes de cette mauvaise réforme que de favoriser ainsi ce que l'on prétend combattre.

          Ce n'est pas le moindre des paradoxes de cette mauvaise réforme que de favoriser ainsi ce que l'on prétend combattre. Quelques idées simples auraient dû guider la ministre: d'une part, il faut développer ce qui a fait ses preuves, et d'autre part, encourager l'effort, l'excellence, le goût de la réussite qui sont les fondements de la méritocratie républicaine dont la ministre est du reste elle-même le produit. Le dire n'est pas faire insulte à ceux que le système scolaire ne parvient pas à sortir de la spirale de l'échec et du décrochage scolaire mais s'y prendre de cette façon induit l'idée pernicieuse que la réussite des uns serait responsable de l'échec des autres.

          Je connais bien l'Éducation Nationale pour y avoir enseigné. Sans une réforme en profondeur de l'institution elle-même, il y a fort à parier que les mêmes causes produiront les mêmes effets et le gouvernement serait bien inspiré de lire le rapport de la Cour des comptes pertinemment intitulé «Gérer les enseignants autrement».

          Songeons que l'Éducation nationale française qui est, dit-on, la structure la plus nombreuse en salariés au monde, ne dispose pas d'une gestion des ressources humaines. Nulle part ailleurs une telle aberration n'existe! La nomination des enseignants dans les établissements? Une affaire de barème. Le bon enseignant? Il n'est pas encouragé financièrement ou dans son avancement de carrière. Le chef d'établissement? Il est un patron sans pouvoir qui s'épuise souvent à négocier avec les enseignants pourtant placés sous sa responsabilité. L'obligation de résultats dans la lutte contre l'échec scolaire? Une idée insupportable aux syndicats tout puissants. Mais de cela on ne parle jamais!

          Songeons que l'Éducation nationale française qui est, dit-on, la structure la plus nombreuse en salariés au monde, ne dispose pas d'une gestion des ressources humaines. Nulle part ailleurs une telle aberration n'existe!

          Revenons au Conseil supérieur des Programmes. Son rôle n'est pas d'écrire les programmes mais «d'émettre un avis et de formuler des propositions» sur le contenu du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, sur les programmes scolaires et sur les examens. Le Conseil travaille sur les propositions d'experts: inspecteurs spécialistes du champ concerné, universitaires, professeurs, formateurs, documentalistes...

          Les faiblesses du système

          En un peu plus d'un an, le Conseil a travaillé, beaucoup et sérieusement, sur la charte des programmes, sur le socle, sur l'enseignement moral et civique, sur les référentiels en matière d'orientation et de découverte du monde professionnel ou sur l'éducation artistique et culturelle... Les textes ont fait l'objet de débats et de concertations.

          Mais avec les programmes scolaires, c'est une autre affaire et cela révèle les faiblesses du système. Si les cycles 1, 2 et 3 (de la maternelle à la 6ème) ont fait l'objet de commentaires mesurés, il n'en a pas été de même pour les programmes des classes de 5ème, de 4ème et de 3ème qui constituent le cycle 4.

          Jargon prétentieux et choix idéologiques

          Certaines critiques, parfaitement justifiées de mon point de vue, portent sur deux points: le recours à un jargon prétentieux et incompréhensible et les choix idéologiques.

          Certaines critiques, parfaitement justifiées de mon point de vue, portent sur deux points: le recours à un jargon prétentieux et incompréhensible et les choix idéologiques.

          Nous avions cru naïvement que le temps du «référentiel bondissant» pour désigner le ballon ou de «l'outil scripteur» pour désigner le crayon était révolu. Hélas non! Et pourtant l'intelligibilité des programmes par les enseignants et les parents était dans le cahier des charges. On serait surpris de lire les versions initiales de certains textes fournis par les experts. Le Conseil les a expurgés souvent de ce galimatias mais pas complètement il faut le reconnaître! Sur les choix idéologiques, l'affaire est plus grave. Là encore, le Conseil a modifié substantiellement de nombreux points.

          Quelques exemples de ce à quoi nous avons échappé: recourir dès la maternelle aux langues de l'immigration était apparu à certains experts comme un bon moyen d'éveiller à la diversité linguistique alors que tout le monde s'accorde à penser que l'essentiel est de permettre aux enfants plus exposés que d'autres au risque de l'échec scolaire de bien maîtriser la langue française qui doit (re)devenir pour tous les enfants la langue première. Le Conseil avait d'ailleurs fait des préconisations précises et exigeantes sur l'évaluation de la maîtrise des fondamentaux, s'agissant particulièrement de la maîtrise du français, mais le Cabinet de la ministre les a retoquées. J'ai convaincu mes collègues de renoncer à cette idée qui aurait infailliblement suscité des tempêtes en même temps qu'elle aurait à mon sens affaibli la priorité donnée à la maîtrise du français.

          Recourir dès la maternelle aux langues de l'immigration était apparu à certains experts comme un bon moyen d'éveiller à la diversité linguistique alors que tout le monde s'accorde à penser que l'essentiel est de permettre aux enfants plus exposés que d'autres au risque de l'échec scolaire de bien maîtriser la langue française.

          Supprimée aussi l'idée de favoriser la parité dans le choix des auteurs de littérature, une idée folle selon moi, comme si l'importance d'une œuvre tenait au sexe de son auteur!

          Supprimée encore l'idée de mettre sur le même plan historique ce que l'on appelait autrefois les invasions barbares, la colonisation ou l'immigration de travail du XXème siècle pour accréditer l'idée que tous les Français seraient le produit de ces «mouvements migratoires»: une analyse historiquement fausse et politiquement explosive.

          Sur la question de l'islam, étudié obligatoirement, contrairement au christianisme médiéval optionnel, quelques-uns d'entre nous ont soulevé le problème qui est en débat aujourd'hui. Nous n'avons pas été entendus et je le regrette.

          Se pose désormais la question de savoir si l'on doit continuer, lorsque l'on est dans l'opposition, de siéger dans une instance dont on peut être amené à critiquer certains choix et non des moindres mais qui permet aussi de peser de l'intérieur. La facilité serait sans doute de partir et peut-être y serai-je contrainte si je ne pouvais plus du tout y faire entendre ma voix. Pour l'heure, je ne renonce pas mais je pense que nous devons instamment revoir le fonctionnement de ce Conseil.

          Retrouver de la crédibilité

          L'image du Conseil Supérieur des Programmes est aujourd'hui gravement altérée. Et ce n'est pas l'initiative du Président de la République de créer un groupe de réflexion composé d'éminents historiens pour réfléchir aux programmes d'histoire qui va relégitimer le rôle du Conseil Supérieur des Programmes. Pour autant, le Conseil doit clarifier sa relation avec le Ministère. Comme le dit un membre éminent du Conseil «au nom de qui parlons-nous?».

          Le Conseil est censé être «indépendant tout en étant placé auprès du ministre de l'Éducation», quelle ambiguïté! Son Président est en réalité en relation étroite avec le Cabinet.

          Le Conseil est censé être «indépendant tout en étant placé auprès du ministre de l'Éducation», quelle ambiguïté! Son Président est en réalité en relation étroite avec le Cabinet, lequel inspire parfois de mauvaises décisions comme celle de dissocier en 6ème l'étude des 3 religions monothéistes, le judaïsme, le christianisme et l'islam. Étudiées dans la même année, cela aurait peut-être évité d'avoir à mettre au choix ensuite certaines périodes historiques dont l'abandon heurte notre conscience et notre culture.

          Il faut aussi revoir notre relation aux experts qui doivent mesurer la responsabilité qui est la leur, notamment sur les questions sensibles. Laisser aller sa plume avec l'idée que le Conseil serait là pour corriger, réajuster, justifier, cette méthode n'est pas tenable.

          Enfin il faut redonner du temps. La tâche est ardue et difficile. Elle est très délicate. C'est pourquoi la ministre doit revenir sur le calendrier qui sera, s'il était maintenu, très mal vécu par les enseignants, j'en prends le pari. Par ailleurs, Najat Vallaud-Belkacem ne peut pas tout à la fois affirmer l'indépendance du Conseil et lui dicter sa conduite.

          Sur la question sensible de l'enseignement des langues anciennes par exemple, dont la ministre n'a pas deviné l'opposition qui se lèverait contre son affaiblissement, voilà que l'on demande au Conseil Supérieur des Programmes de faire des propositions sur l'évolution de son enseignement. Ça ressemble beaucoup à une tentative de se défaire d'un débat qui empoisonne. Assumer l'impopularité des décisions du ministère n'est pas notre mission.


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        • Réforme du collège : le PS va-t-il perdre les profs? (Olivier Vial, CERU, UNI - 20.05.2015)

          FIGAROVOX/TRIBUNE - Quelques heures après la manifestations des enseignants, le gouvernement a inscrit la réforme du collège au Journal officiel. Olivier Vial rappelle que la classe professorale représente un électorat que le PS ne devrait pas mépriser.


          Olivier Vial est directeur du CERU (Centre d'études et de recherches universitaires) et président de l'UNI.


          Qu'il est loin le temps des promesses électorales, le jour où, fraîchement investi, François Hollande plaçait son quinquennat sous le patronage de Jules Ferry «le bâtisseur de cette grande maison commune, qu'est l'École de la République» rappelant dans son discours ce que nous devons «à l'instruction publique».

          Qu'il est loin le temps des promesses électorales, le jour où, fraîchement investi, François Hollande plaçait son quinquennat sous le patronage de Jules Ferry.

          Trois ans après et au lendemain d'une journée de grève qui a mobilisé près d'un enseignant sur deux dans les collèges publics, les désillusions ont remplacé les espoirs dans les coeurs des professeurs. Quant au «message de confiance» adressé à l'Éducation nationale par le nouveau Président de le République le 15 mai 2012, il est désormais effacé par l'arrogance, la condescendance et le mépris de sa ministre de l'Éducation nationale envers tous ceux qui s'inquiètent des conséquences de ses projets (intellectuels, enseignants, parents d'élèves).

          Arrogance, quand Najat Vallaud-Belkacem et Manuel Valls annoncent, le matin d'une grève nationale, une accélération du calendrier de mise en place de la réforme, déclarant que «le décret allait être publié le plus rapidement possible», allant jusqu'à le signer en catimini quelques heures avant les manifestations.

          Condescendance du ministère, qui en guise de réponse à ceux qui défilent pour le retrait d'une réforme qu'ils jugent intrinsèquement dangereuse, leur propose simplement d'en négocier les modalités et les textes d'application, un peu comme si l'on confiait à celui que l'on conduit à la potence, le seul choix de la taille de la corde qui va le pendre.

          Mépris manifeste enfin, de la ministre qui ne daigne même pas, à l'issue de cette journée de mobilisation nationale, recevoir en personne les représentants des enseignants.

          Mépris manifeste enfin, de la ministre qui ne daigne même pas, à l'issue de cette journée de mobilisation nationale, recevoir en personne les représentants des enseignants.

          Depuis, le ministère s'emploie à coup d'éléments de langage et de chiffrage alambiqué à tout faire pour minimiser l'ampleur de la contestation d'hier. Finalement, rien de plus classique!

          Les experts électoraux du parti socialiste auraient tort, malgré tout, de prendre la situation à la légère. Il doivent se rappeler que les quelques 900 000 électeurs issus de l'Éducation nationale ne sont pas à électorat aussi captifs que cela; il leur est déjà arrivé de se détourner massivement du candidat du parti socialiste à cause de la politique éducative de son gouvernement. «En 2002, les enseignants constituèrent en effet un des pans de l'électorat où la dispersion des voix de gauche fut la plus emblématique et coûta cher à Lionel Jospin» (CEVIPOF, mars 2012). Blessé par le mépris et les propos de Claude Allègre, les enseignants furent nombreux à se détourner du vote PS. Entre les législatives de 1997 et la présidentielle de 2002, le vote des enseignants en faveur du PS a été divisé par deux passant de 46 % à 22 %. Il ne faut pas chercher beaucoup plus loin les quelques 190 000 voix qui ont manqué à Lionel Jospin pour se qualifier au second tour de la présidentielle.

          Le mépris bougonnant de Claude Allègre ou le mépris souriant de Najat Vallaud Belkacem préparent les mêmes déroutes électorales. Si en 2012, François Hollande, au terme d'une campagne extrêmement riche en promesses faites aux enseignants, avait réussi à rassembler le vote de près d'un enseignant sur deux dès le premier tour (46 %), soit un score largement supérieur à celui mesuré auprès de l'ensemble des Français (30 %), cela ne sera sans doute pas aussi facile en 2017.

          Le mépris bougonnant de Claude Allègre ou le mépris souriant de Najat Vallaud Belkacem préparent les mêmes déroutes électorales.

          «Chat échaudé craint l'eau froide». Et les enseignants ont connu leur lots de désillusions! La suppression, dès 2012, des heures supplémentaires défiscalisées a fait plonger le pouvoir d'achat de nombre d'entre eux, de plusieurs centaines d'euros par an. Plus grave! Ils sont nombreux à s'être aperçu que les politiques menées en leur nom par les «experts» et la technostructure du ministère allaient à l'encontre de ce qu'ils attendent sur le terrain. La déconnexion est totale. Ainsi, depuis le début du quinquennat, avec le retour en force des apôtres du «pédagogisme», ils ont vu le ministère se lancer dans des «grands chantiers» totalement déconnectés de la réalité. La grande réforme des rythmes scolaires? 74 % des enseignants estiment, dans une enquête publiée en février 2015, que les nouveaux rythmes scolaires ont eu un effet négatif sur les élèves. Le débat sur la suppression de la notation et du redoublement? De même, ils y sont très largement opposés. 64 % des professeurs estiment (enquête Opinionway 2012) que le redoublement permet à l'élève de rattraper son retard et d'être mieux préparé aux classes supérieures et, même parmi les rangs des adhérents du très «pédagogiste» syndicat UNSA, 61 % de leurs membres se sont prononcés contre la suppression des notes. Mais qui écoute ces enseignants? Certainement pas la technostructure qui a pris depuis longtemps le contrôle du ministère!

          Quant à l'idéologie égalitariste et au refus de toutes formes d'élitisme qui inspirent l'actuelle réforme du collège, il ne font plus florès chez les enseignants. Il suffit pour s'en convaincre de se rappeler avec quelle rapidité et quelle force les enseignants s'étaient mobilisés contre la réforme des classes préparatoires fin 2013, obligeant Vincent Peillon à un rétropédalage complet.

          L'entêtement et l'intransigeance de la ministre, la provocation consistant à publier le décret de la réforme au lendemain d'une mobilisation nationale, le décalage grandissant entre les attentes des enseignants de terrain et l'idéologie qui guide le ministère, constitueront peut-être les derniers clous enfoncés dans le cercueil électoral de la gauche.


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        • http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/05/26/01016-20150526ARTFIG00359-pourquoi-la-base-de-la-fcpe-tempete-contre-sa-direction.php

          Pourquoi la base de la FCPE tempête contre sa direction (Le Figaro, 26/05/2015)

          Paul Raoult, le président de la Fédération de conseils de parents d'élèves est arrivé 17e sur 24 lors du congrès national. Une première. Il paye son soutien à la réforme du collège.

          La FCPE, première fédération de parents d'élèves du public avec ses 300 000 adhérents, connaît une crise interne politique importante. C'est la première fois depuis la fondation de cette fédération proche de la gauche, en 1947, qu'un président n'est pas reconduit dans ses fonctions d'administrateur. Le désaveu est sans appel. Le conseil d'administration était renouvelé par tiers ce week-end, lors du congrès national organisé à Reims, et son président, Paul Raoult, est arrivé 17e sur 24. Le rapport d'activité a aussi été rejeté avec 48 % de votes contre et 11 % d'abstentions.

          Ce vote s'explique avant tout par «une crise d'organisation», affirme Paul Raoult, qui dénonce une «instrumentalisation» établissant un lien avec son soutien très appuyé à la réforme du collège. Pour preuve, «la standing ovation réservée à la ministre» de l'Éducation nationale, samedi. La FCPE «continuera, pour la réussite de tous les élèves, à défendre la réforme du collège, qui devra être abondée en moyens suffisants», a affirmé lundi la fédération.

          Il s'agissait d'une contre-attaque après l'affirmation dimanche de l'UMP selon laquelle les parents d'élèves avaient «sévèrement sanctionné les soutiens inconditionnels de Mme Vallaud-Belkacem et le projet de réforme du collège». De fait, de nombreux militants regrettent un manque de «démocratie» et une absence de prise en compte des positionnements locaux pas aussi unanimes que la direction l'affirme sur les réformes gouvernementales.

          «Suivisme» politique

          Vingt-six présidents de conseils départementaux ont d'ailleurs tenté de faire voter une «motion de défiance» à l'égard du conseil d'administration. Pierre-Vincent Ortoli, président de la FCPE en Corse-du-Sud, a pris la tête de cette fronde au sein d'un courant appelé «Ambition». Il reproche surtout à la direction son «suivisme» politique. «Nous n'avons pas à être alignés systématiquement sur la politique du gouvernement sous prétexte qu'il est de gauche, explique-t-il. De même, nous n'avions pas apprécié le soutien inconditionnel de la FCPE à la réforme du lycée sous la majorité précédente.» Si les militants sont plutôt de sensibilité de gauche, c'est avec des «niveaux d'implication très divers. Certains peuvent même être à droite. En revanche, à la direction, certains sont visiblement de grands partisans du Parti socialiste», analyse Isabelle Traband, présidente de la direction départementale du Bas-Rhin.

          Pour cette «frondeuse»,«la base n'est pas écoutée, peu consultée». Il s'agit «d'applaudir des deux mains» à la réforme du collège, des rythmes scolaires ou du nouveau calendrier scolaire, alors que les parents, sur le terrain, sont, selon elle, opposés aux réformes. «Nous n'avons pas à être le porte-parole du gouvernement. Arrêtons de dérouler le tapis rouge. On ne se reconnaît plus dans ce qui est dit», dénonce-t-elle. Cette mère d'un enfant en terminale s'agace de la «surenchère sur l'égalité qui ne veut absolument rien dire». «Donnons dans ce cas plus à ceux qui en ont vraiment besoin!» explique cette femme, qui regrette la disparition des classes européennes ou l'affaiblissement du latin. Les adhérents sont par ailleurs très partagés sur les rythmes scolaires, dont l'organisation est, en Alsace, «ubuesque» et les activités périscolaires «en partie bidon» et «payantes». «Au mieux, les enfants font un peu de gym, rien d'intéressant.»

          Dans son département plutôt rural de la Meuse, Sébastien Wirtz décrit des adhérents divisés qui craignent que l'enseignement du latin ne disparaisse totalement, car les professeurs susceptibles d'enseigner cette discipline ne pourront pas se partager entre plusieurs établissements, trop distants les uns des autres. Et il observe qu'en dépit de sa proximité géographique avec l'Allemagne son département n'aura plus de classes bilangues. «La majorité des adhérents est favorable à la réforme des collèges, même s'il y a des discussions quant aux moyens alloués pour l'appliquer, nuance Isabelle Rocca, vice-présidente de la FCPE Paris. L'ancienne direction s'appuyait peut-être trop sur un noyau dur de parents très militants, et la base a souhaité un élargissement et plus de participation.»


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