• Le Monde | 28.05.2015 à 10h12 

    Par Marie-Aleth Grard et Jean-Paul Delahaye

    Une école de la réussite de tous est possible en France, nous l'avons constaté dans nombre d'établissements (écoles et collèges visitées). Or, actuellement notre système scolaire est terriblement inégalitaire. La moitié des décrocheurs ont un père ouvrier, 5 % un père cadre. 54 % des enfants en retard en troisième ont des parents non diplômés, 14 % ont des parents diplômés du supérieur. La France de l’échec scolaire est dans son immense majorité issue des catégories défavorisées. Cela résulte pour partie de l’organisation de notre système scolaire.

    L’intérêt porté aux filières « prestigieuses » et à certaines options (intérêt supérieur on l’aura remarqué à celui suscité par la scandaleuse diminution des fonds sociaux destinés aux élèves pauvres de 2002 à 2012 qui n’a pas suscité la moindre pétition), fait oublier son image inverse : les formations moins « renommées » qui rassemblent les enfants issus pour l’essentiel des catégories populaires. 90 % des enfants d’enseignants entrés en sixième en 1995 ont obtenu le bac environ sept années plus tard, contre 40,7 % des enfants d’ouvriers non-qualifiés. Si l’on observe uniquement le type de bac obtenu par catégorie sociale, les écarts sont tout aussi grands. Parmi les enfants d’ouvriers qui ont eu leur bac en 2012, 31 % l’ont eu dans une filière générale, 23 % dans une filière technologique et 46 % dans une filière professionnelle. Chez les enfants de cadres supérieurs, les trois quarts ont eu un bac général, 14 % technologique et 10 % professionnel. On compte 17 % d’enfants dont le père est ouvrier dans la filière scientifique, contre 40 % en filière tertiaire et 51 % en bac professionnel. Dans les filières pour les élèves les plus en difficulté au collège, les sections d’enseignement général et professionnel adapté (Segpa), on trouve 84 % d’enfants issus des milieux populaires (ouvriers, employés, sans profession) et moins de 2 % d’enfants de cadres et d’enseignants. Cette situation est insupportable.

    Si, en dépit des réformes conduites, les inégalités sociales pèsent encore autant sur le destin scolaire de la jeunesse de notre pays, c’est que l’échec scolaire des plus pauvres n’est pas un accident. Il est inhérent à un système qui a globalement conservé la structure et l’organisation adaptées à la mission qui lui a été assignée à l’origine : trier et sélectionner.
    La méritocratie a une face claire pour ceux qui réussissent et une face sombre pour tous les autres.

    On ne démocratisera pas la réussite scolaire en continuant à considérer que les enfants de milieu populaire sont victimes d’un « handicap social » et devraient par conséquent être traités à part. Cette séparation existe d’ores et déjà, les chiffres que nous venons de citer le montre. Répartir de façon inégale au collège, c’est-à-dire pendant la scolarité commune, les options ou les parcours particuliers qui n’ont pas pour objectif premier de préparer à des études ultérieures mais plutôt de séparer les élèves les uns des autres, ne permet pas de faire du « commun ». Dans le cadre de la scolarité obligatoire, il faut renoncer à la concurrence sans fin des options ou des formations qui conduit à l’impasse pour les enfants des pauvres.

    Remarquons d’ailleurs qu’on ne songe à implanter des formations « nobles » comme les sections européennes ou les classes bilangues que lorsqu’il s’agit de faire venir ou de retenir dans un établissement des élèves issus de milieux plus favorisés. Un peu comme si les pauvres n’étaient pas dignes eux-mêmes de se voir proposer spontanément et naturellement ces enseignements. La réforme du collège en cours qui vise à offrir ces enseignements à tous les élèves va donc dans la bonne direction. Tous les élèves, quels qu’ils soient, pourront faire du latin et commencer une deuxième langue vivante dès la 5e. Où est la régression ? Qui peut penser qu’élever le niveau d’ensemble de toute la population scolaire conduit à la « médiocrité » et au « nivellement par le bas » ? Ou alors, mais on ne veut pas y croire, cela voudrait dire qu’une partie de la population considère que donner le meilleur à tous et que scolariser tous les enfants ensemble pendant le temps de la scolarité obligatoire, serait tomber dans la « médiocrité » ou provoquer le « nivellement par le bas » ? Les pauvres seraient à ces points infréquentables ?

    Au fond, le collège actuel porte encore les traces du passé d’un second degré général malthusien qui a eu beaucoup de difficultés à accepter d’accueillir les enfants du peuple et qui est loin d’avoir achevé sa démocratisation. Le collège unique est bien au cœur de la problématique de la démocratisation de la réussite scolaire. Comme au début de la IIIe République, il existe encore aujourd’hui des partisans du collège comme « digue » (il ne faut pas tout niveler sous prétexte de démocratiser) et des défenseurs du collège comme « vague » (pour répandre l’instruction et la culture). D’une certaine façon, les débats d’aujourd’hui sur le collège unique sont en partie ceux ressassés depuis les tout débuts de la démocratisation scolaire.

    Certains considèrent que l’objectif du collège unique était mauvais en lui-même, voire démagogique, et donc inapplicable. Il faudrait donc revenir à la séparation des élèves, réinstaller un concours d’entrée en sixième, et organiser des « filières courtes » (évidemment pas pour les propres enfants des concepteurs de ces « programmes », mais pour les enfants des autres). Un programme de Restauration d’un ordre ancien en quelque sorte qui fermerait une parenthèse de tentative de démocratisation. Mais quelle société préparons-nous si nous ne parvenons pas à faire vivre et apprendre ensemble, au moins pendant le temps de la scolarité obligatoire, dans des établissements hétérogènes, toute la jeunesse d’un pays dans sa diversité ? On se paye de mots avec le « vivre ensemble » si on ne travaille pas au « scolariser ensemble ».

    Nous pensons au contraire que les difficultés du collège unique proviennent ce qu’on n’a pas assumé la logique de la réforme de 1975 jusqu‘au bout en ne donnant pas au collège un contenant et un contenu spécifiques au rôle qui est le sien : achever la scolarité obligatoire dans de bonnes conditions pour tous les élèves et préparer, de façon différenciée, les élèves à toutes les formations ultérieures d’égale dignité.

    Si l’on veut mettre réellement en application le principe affirmé dans la loi de 2013 d’une école inclusive, car tous les élèves sont capables d’apprendre, alors toute la scolarité obligatoire doit être conçue comme à la fois exigeante et bienveillante pour tous les élèves, gratuite dans son offre, avec une part significative d’enseignement collectif en classes hétérogènes. L’école qui s’adresse aux enfants des pauvres ne peut être une pauvre école, organisée à part et avec peu d’ambition. Et ce qui est bon pour tous les élèves le sera aussi pour les enfants des milieux populaires et ne nuira pas aux autres.

    Quand on sait en outre que les inégalités actuelles freinent la croissance, on voit que l’intérêt bien compris de notre pays rejoint l’idéal d’une école plus juste.

    Le refus du scenario de séparation impose à l’école de travailler à l’amélioration de son fonctionnement et à la collectivité nationale de soutenir son école dans cette évolution. C’est le choix de la solidarité pour la réussite de tous.

    Marie-Aleth Grard, rapporteure de l’avis du CESE, « Une école de la réussite pour tous », mai 2015 et Jean-Paul Delahaye, auteur du rapport à la ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, « Grande pauvreté et réussite scolaire, le choix de la solidarité pour la réussite de tous », mai 2015


    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/05/28/une-ecole-pensee-pour-la-reussite-de-tous-les-enfants_4642149_3232.html#XA3BDzWC5wMwBCPL.99


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  • Un collège sur deux a des classes de niveau

    MARIE PIQUEMAL 28 MAI 2015 À 19:15

    Un collège.Un collège. (Photo Frank Perry. AFP)

    AU RAPPORT

    Une étude dresse un constat précis de l'état de la mixité sociale et scolaire des collèges et lycées. Les résultats sont inquiétants.

    Quel est l’état de la mixité sociale et scolaire au collège et au lycée ? Le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco), une instance indépendante chargée d’évaluer les politiques éducatives, dresse un état des lieux précis de la ségrégation entre les établissements. Et à l’intérieur même des classes.

     

    Cette étude, lancée il y a plus d’un an, tombe pile poil dans l’actualité. Les attentats de janvier ont reposé avec acuité le défi du vivre ensemble, et le rôle fondamental de l’école. Plus récemment, la réforme du collège a fait ressurgir, via la polémique sur le latin et les classes bilangues, la question de l’élitisme et des classes de niveau.

    Deux jeunes chercheurs, Son Thierry Ly et Arnaud Riegert, rattachés à l’école d’économie de Paris, ont passé à la moulinette Excel deux indicateurs : l’origine sociale de toute une génération d’élèves entrés en sixième (c’est-à-dire la catégorie sociale professionnelle, CSP, des parents) et leurs résultats au brevet quatre ans après, seul indicateur permettant d’avoir une idée de leur niveau scolaire.

    LA SÉGRÉGATION SOCIALE ENTRE LES ÉTABLISSEMENTS EXISTE, SURTOUT DANS LES GRANDES VILLES

    Dans un monde où la mixité sociale serait parfaite, chaque élève aurait dans son établissement 22% de camarades venant de familles aisées. Dans les faits, on en est loin. Les élèves de CSP + (parents cadres, profs, chefs d’entreprise, etc.) comptent en moyenne dans leur établissement près de deux fois plus d’élèves venant comme eux d’origine aisée que d’élèves de classes moyennes ou populaires.

    Si on regarde un peu plus dans le détail, on trouve, sans grande surprise, «des collèges ghettos», aux deux extrémités : certains regroupant des enfants très favorisés, et d’autres, très défavorisés. Statistiquement parlant, ça donne : «5% des élèves de troisième ont plus de 60% d’élèves CSP + dans leur cohorte». Et 10% ont dans leur collège 63% d’élèves venant de milieu défavorisés (ouvriers, inactifs, etc)  alors qu’ils ne représentent en tout que 37% des élèves.

    La ségrégation entre établissements varie d’un département à l’autre, et les écarts peuvent être importants. Grosso modo, dans les départements ruraux, où les collèges sont à plusieurs kilomètres l’un de l’autre, les «stratégies d’évitement» sont moins évidentes, et donc les établissements ont tendance à être plus mixtes. La ségrégation sociale est bien plus prononcée dans les grandes villes, avec des collèges recherchés et d’autres fuis par les familles. Autre enseignement, cette ségrégation double au lycée. 

    DES CLASSES DE NIVEAU DANS LA MOITIÉ DES COLLÈGES, AUSSI BIEN EN VILLE QU’EN CAMPAGNE

    On s’intéresse là à la mixité à l’intérieur même des établissements, entre les classes, en regardant non pas l’origine sociale des enfants mais plutôt leur niveau scolaire. Peu de données statistiques existaient sur ce point. Les précédents travaux remontaient à la fin des années 90, conduits par la sociologue Marie Duru-Bellat. Interrogée récemment par Libération, elle rappelait qu’à l’époque, environ un établissement sur deux comptait des classes de niveau. Et que ses travaux avaient donné lieu à l’époque à une circulaire du ministère rappelant aux chefs d’établissement que constituer ainsi des classes en fonction du niveau scolaire des élèves était proscrit, car allant à l’encontre de la grande idée du collège unique.

    Quinze ans après, rien ne semble avoir changé : l’étude présentée ce jeudi révèle qu’un collège sur deux a des classes de niveau, des classes de «bons» élèves et/ou de «mauvais». «Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, c’est aussi vrai dans les Hauts-de-Seine qu’au fin fond de la Lozère. Cela semble universel comme pratique», commente Arnaud Riegert, l’un des auteurs de l’étude.

    Autre enseignement, qui pourrait alimenter le débat sur la réforme du collège : «Les classes bilangues (deux langues dès la sixième) et le latin ne sont qu’un facteur d’explication parmi d’autres de la ségrégation entre les classes.» C’est malgré tout un facteur important : «en Ile-de-France, par exemple, 60% des collèges qui pratiquent les classes de niveau le font par le jeu des options», expose Son Thierry Ly. «Cela veut aussi dire que pour les 40% restants, la raison est autre…»

    La sociologue Nathalie Mons, présidente du Cnesco, ajoute : «Ce débat sur le rôle des options est surtout médiatique. Au sein même de la communauté éducative, on sait très bien que ce n’est pas en supprimant telle ou telle option qu’on améliorera la mixité. Les chefs d’établissement, et les parents, trouveront toujours des moyens de créer des classes de niveau.» L’enjeu, martèle-t-elle, c’est d’arriver à faire prendre conscience à tous des bienfaits de la mixité. «Tous les parents, même de milieu favorisé, ont intérêt à ce que leur enfant soit dans des classes mixtes. Comment voulez-vous sinon qu’il s’adapte plus tard en entreprise, et dans la société, s’il n’a côtoyé que des élèves de milieu aisé ?»

     
    42 COMMENTAIRES 
     
    SOLOVKI 30 MAI 2015 À 14:0 

    Il n'y a strictement pas le moindre rapport entre mixité sociale et classes de niveau. Ce serait confondre corrélation et causalité. 

     
    ANDALOU 30 MAI 2015 À 13:30 

    Avec 150 000 gamins qui sortent sans diplôme de l E.N. après avoir passé 14 ans sur ses bancs. Il ne me parait pas déraisonnable de penser que tout le monde n avance pas à la même vitesse et que des classes à deux vitesses soient nécessaires. 

     
    SCHIACCIAGHIACCIO 29 MAI 2015 À 21:52 

    « Notre objectif essentiel est l’égalité. Ainsi baissera d’abord le niveau d’instruction, de connaissances et de dispositions naturelles — nous n’avons pas besoin de dons exceptionnels. (… ) La culture n’est pas nécessaire, c’est l’obéissance qui doit s’imposer d’abord. Toute recherche de culture est déjà une tendance aristocratique ; nous lui tordrons le cou. (...) Nous tuerons le génie dans tout enfant. Nous ramènerons tout au même dénominateur : obéissance absolue, manque absolu de personnalité. » Verkhovensky dans Les Possédés, de Dostoïevski

     
    DANJOU 30 MAI 2015 À 12:30 

    @SchiacciaGhiaccio Qui prône l'obéissance actuellement?

     
     
    SOLOVKI 30 MAI 2015 À 14:13 

    @danjou @SchiacciaGhiaccio 

    Le totalitarisme "sympa".

     
    FRANCE_LIBRE 29 MAI 2015 À 13:40 

    "Comment voulez-vous sinon qu’il s’adapte plus tard en entreprise, et dans la société, s’il n’a côtoyé que des élèves de milieu aisé ?"

    LOL

    Avec 15% de chômage depuis 30 ans, une immigration à autant... la ségrégation est imposée par les immigrés eux-mêmes... eux qui sont importés sur les ordres des gros patrons.

     
    ARPHADAX30 29 MAI 2015 À 12:56 

    Ce raisonnement dominant m’écœure.

    Les racailles entre elles et mon petit chéri avec pleins de petits chéris. Et un jour dans sa belle bagnole, mon petit chéri se fait refaire le portrait par des racailles. Vous ne voyez pas le rapport? La réussite individuelle n'est profitable sur le long terme qu'avec la réussite collective. Nous vivons dans une société, bordel ! Un petit peu moins de réussite scolaire et individuelle en échange d'une réussite sociale et collective... ça vous parle?

     
    PHILOINHAN 30 MAI 2015 À 2:41 

    @arphadax30

    Qualifier d'un "petit chéri" méprisant les élèves qui veulent simplement apprendre quelque chose : vous avez trop fréquenté les "racailles", et souffrez du syndrome de Stockholm. 

     
    STEFANE75 30 MAI 2015 À 11:20 

    @arphadax30 Ben non, il n'y a pas de rapport, à moins de considérer que les Pauvres relèvent de "classes dangereuses"...

    Ce n'est pas parce qu'ils sont dans des collèges "ghettos" qu'ils n'ont pas exactement les mêmes moyens que les autres de s'élever par le travail et l'effort

    A moins de croire que si on mettait des "petits chéris" dans les classes de racailles, toutes les "racailles" deviendraient immédiatement attentifs, polis, bien élevés et travailleurs... 

     
    KHANTHAS 29 MAI 2015 À 10:46 

    On critique les collèges qui fonctionnent bien justement parce qu'ils fonctionnent bien.

    On n'ose pas voir pourquoi d'autres ne réussissent pas.

    On donne un nom pour expliquer : " C'est la Ségrégation ! ".

    C'est marrant !

     
     
    ABALOLIGARCHIE 29 MAI 2015 À 2:57 

    Classes et éducation:

    Les enseignants sont également des parents. Il n'est donc pas étonnant de voir l'élitisme imposé comme modèle dans les cursus scolaires. Quand on connait le filon (parent et dans le mêlme temps enseignant) on l'utilise. Mais ce système a une faille : l'élitisme de classe fini par prendre en son sein les descendants du corps enseignant (avec l'idée de le cantonner par la suite)

     

    Autre faille: l’élitisme crée des laissés pour compte: les fils d'ouvriers, d'employés, de chômeurs....

    En bref: l'élitisme est le cancer de la société. Des talents non issus de l’inné (pour peu que l'inné existe) restent lettres mortes aux yeux de notre société.

     

    SCHIACCIAGHIACCIO 29 MAI 2015 À 19:8 

    @abaloligarchie

    L'accueil des nouvelles populations est de fait l'objectif unique de l'ÉN. Toute réforme est faite pour apprivoiser des gens dont les parents souvent illettrés et aux diplômes inexistants, ne montrent aucun intérêt pour l'école : on a donc une baisse des exigences constante de réforme en réforme.

    La conséquence est qu'un très bon système scolaire, le système français, est devenu dans son ensemble très moyen. Les bons établissements où l'on travaille normalement existent toujours mais comme par hasard ce ne sont pas ceux où les élèves subissent la loi des mecs, l'intégrisme, le r@cisme et l'intolérance.

    Bien sûr, le privé se frotte les mains puisque un cinquième des élèves du secondaire y sont maintenant. Chiffre à rapprocher d'un collégien sur 4 en ZEP. Merci le PS !

     
     
    BEAUGEOTTE 30 MAI 2015 À 0:37 
     

    @SchiacciaGhiaccio @abaloligarchie

    Comme si le PS,en 3 ans était la cause  des suppressions de postes,de razeds,etc,,,et de la politique de droite depuis des années,,,

    Merci la droite devriez vous dire,,,

    Regardez le taux de décrochage au collége,chez vous,,,,en Italie,,,

    Topolino!

     

     
    TITUS007 29 MAI 2015 À 2:12 

    Le discours prônant la mixité sociale, en particulier celui de Nathalie Mons, me semble bien angélique au regard de la réalité des inégalités sociales et culturelles.. Bien-sûr que non, les bons élèves n'ont aucun intérêt à être mélangés avec des mauvais ! Ils avancent moins vite, évoluent dans un contexte de moindre stimulation intellectuelle et souvent dans des classes difficiles par leur comportement. C'est de la démagogie pure et simple que de prétendre que la mixité sociale profite aussi aux milieux favorisés. Ces derniers, majoritairement, n'en veulent pas et développent à juste titre des stratégies d'évitement. Du reste, depuis quand à-t-on constaté que l'absence de mixité sociale dans les études nuisait à l'insertion professionnelle ? Comme si l'entreprise était un modèle de mixité sociale ! Le monde du travail est un modèle de hiérarchie rigide régie par le diplôme et l'origine sociale. Les cadres fréquentent les cadres et commandent les employés qui fréquentent les employés et ignorent les ouvriers qui se fréquentent entre eux. Les gens issus des milieux favorisés bénéficient du système, occupent les meilleurs postes et ont les meilleurs salaires, merci pour eux. Leur vendre la mixité sociale revient à vendre le socialisme à un actionnaire de fonds de pension.

    Dernière chose, et c'est mon expérience d'instit qui me le prouve tous les jours : les pauvres, les enfants issus de milieux socialement et culturellement défavorisés profitent très peu de la mixité sociale. Au contraire, ils pâtissent d'un enseignement qui doit prendre en compte le niveau moyen des élèves et qui ne peut les tirer vers le haut, faute de temps. Pour "sauver" ces élèves il faut du temps, un travail quasi individualisé permanent, de très petits groupes. Bref, des classes de niveau à très faible effectif qui permettront aux enseignants de consacrer à ces élèves le temps qu'ils ne peuvent pas leur consacrer quand ces élèves très faibles sont noyés dans la masse de classes hétérogènes avec des moyens et des très bons.

     
     
    MOKOUCH 29 MAI 2015 À 2:6 

    La dernière phrase de Mme Piquemal me laisse perplexe, dans quel rapport est il prouvé que des enfants ayant côtoyés que des gens de milieu aisé auraient plus de mal à s'adapter dans une entreprise ?

    le nombre de parents qui préfèreraient mettre leur enfant dans une classe de niveau moyen plutôt que dans une d'un niveau meilleur, me semble assez restreint, et ce n'est certainement pas avec les arguments de cette sorte qu'elle va les convaincre.

    Si un enfant a, par exemple, des capacités sportives plus élevées que la moyenne, quel est le parent qui ne va pas chercher à ce qu'il améliore ses scores par un entrainement adapté, même démarche pour des aptitudes musicales ou artistiques

    Alors pourquoi refuser à un enfant, dont les capacités d'apprentissages sont meilleurs que ceux de la moyenne, la possibilité d'apprendre plus et plus vite ? Au nom de la sacro sainte égalité? Mais l'égalité un voeu pieux, cela n'existe pas, ni dans la nature, ni dans l'espèce humaine. 

    Donner sa chance à chacun oui, mais à un rythme adapté à la capacité de chacun.

     
     
    VASSILISA 30 MAI 2015 À 11:47 

    @mokouch En effet, dans le sport on accepte les différences et on sélectionne à tout va.; Un passionné de sport mais de niveau moyen retsera toute sa vie dans un club moyen.

    Pour les capacités intellectuelles, la capacité à rester concentré, à travailler des heures sur une chaise au lieu de s'amuser, c'est pareil.

    On ferait mieux d'aider les élèves les plus faibles à progresser et à valoriser d'autres compétences que les compétences scolaires (manuelles, artistiques)
    au lieu de chercher à mener tout le groupe au même niveau 

     
    STIRNER 29 MAI 2015 À 1:47 

    Le meilleur des mondes : "Dans un monde où la mixité sociale serait parfaite..."

     
     
    MEGACHOUETTE 29 MAI 2015 À 1:43 

    Trois constats:

    - la mixité sociale ne peut pas être dictée et visiblement ne fonctionne pas. les parents feront ce qu'ils pensent être mieux pour leurs enfants et à l'occurrence peu de gens se plient aux désirs idéologiques des politiques et des experts. Il serait peut-être temps d'en prendre acte plutôt que d'imposer à tout prix une mixité dont les gens ne veulent pas.

    - la mixité des niveau - à ne pas confondre avec les cas susmentionné - n'est ni désirable ni efficace comme le prouve les pratiques des enseignants ainsi que les demandes des parents. En effet il n'est pas évident quel serait le bénéfice pour l'enfant "bon" à être mis dans une classe faible.

    - troisièmement: dans le discours politique de gauche on essaye de vendre les classes bilangues comme un vecteur d'élitisme compris comme un élitisme social. Patatras les faits montrent que ce n'es le cas. La majorité de ces classes sont constituées d'élèves qui choisissent ces options.

     

    Ces constats montrent que l'approche de la gauche ne marche pas dans les faits, ne convainc pas les gens et finalement nivelle tout le monde par le bas. cherchez l'erreur.

     
     
    SHERRYONE 29 MAI 2015 À 1:0 

    Pitoyable ces commentaires qui prônent l'élitisme. Vous n'aurez de l'excellence que le jour où la France aura enfin compris que la mixité est une chance et un moyen de réussite. Toutes les études le démontrent. Il n'y a qu'en France où cet élitisme est pratiqué. Pour quels résultats ? On est partout en queue de peloton !

     
     
    PAS_PAS 29 MAI 2015 À 1:4 

    @sherryone Ils se basent sur leur envie de dire que c'est ainsi, la preuve ils ont tjr raison même quand les faits leur indique le contraire...

     
     
    TITUS007 29 MAI 2015 À 2:1 

    Ah les études qui démontrent ! J'adore. Il y a toujours des études qui démontrent tout et son contraire et même si elles n'existent pas il suffit de les mentionner pour qu'elles se mettent à exister. La réalité c'est que les facteurs de réussite sont extrêmement divers et parfois contradictoires. Les pays du nord de l'Europe réussissent en notant peu et en étant bienveillants avec leurs élèves. Les pays asiatiques réussissent en notant beaucoup et en menant leurs élèves à la schlague. Alors isoler l'impact de la mixité sociale sur les performances d'un système éducatif, là je dis chapeau !

    Petit cas pratique : organisez une randonnée. Dans un groupe 20 bon marcheurs, jeunes, en forme. Dans un autre, 10 bon marcheurs et 10 mauvais marcheurs, des vieux, des pas en forme, des qui ont mal aux genoux... Et dans un troisième groupe que des mauvais marcheurs.

    À votre avis, quel groupe va le plus s'éclater ? Quel groupe va le plus ou le moins générer de frustration ?

    Ma réponse : le groupe fort homogène va s'éclater, sans ressentir de frustration. Le groupe faible va s'amuser aussi, en faisant moins de choses que le groupe 1 mais sans ressentir de pression excessive. Et le groupe 2, très hétérogène, va mécontenter et frustrer tout le monde, faibles comme forts.

     
    SCHIACCIAGHIACCIO 29 MAI 2015 À 19:7 

    @sherryone "Vous n'aurez de l'excellence que le jour où la France aura enfin compris que la mixité est une chance et un moyen de réussite."

    L'école est mixte depuis longtemps en France. Où voyez-vous des écoles avec garçons et filles séparés ?

     
     
    BRUNOO 29 MAI 2015 À 0:55 

    L'article, l'étude et le débat politique font une confusion préoccupante entre mixité sociale et mixité par niveau. La première est en effet une forme de ségrégation sociale, inacceptable. La deuxième est du bon sens : comme dit dans de nombreux commentaires, quand on fait cours à 30 élèves, il vaut mieux qu'il n'y ait pas trop de disparité de niveau, sinon les meilleurs s'ennuient et les moins bons décrochent. 

     
    JBL92 29 MAI 2015 À 0:23 

    Regrouper les bons avec les mauvais n'a aucun interêt, ni pour les bons ni même pour les mauvais, et en outre çà gêne tout le monde. Bref aucun avantage et que des problèmes...presque tout le monde est d'accord sur çà. j'avoue ne jamais avoir compris les arguments du camps adverse sur d’éventuels bénéfices à la mixité.

     
     
    SHERRYONE 29 MAI 2015 À 0:54 

    Faux ! De nombreuses études ont démontré que la mixité était un moyen de tirer l'ensemble des élèves vers le haut et non l'inverse par un phénomène d'émulation. Renseignez-vous. Regardez les résultats de la non-mixité, elle vous apporte la preuve que votre raisonnement est mauvais. On chute dans tous les palmarès et on est pourtant champion des inégalités. Expliquez-moi ça

     
     
    MENEZ 29 MAI 2015 À 1:1 

    @sherryone Je m'interroge sur ces comparaisons, dans la mesure où on n'a jamais toutes les données. Par exemple, cette hétérogénéité que l'on trouve ailleurs et qui donne des résultats positifs, fonctionne-t-elle sur les mêmes bases que ce qui se pratique chez nous (parce que des classes hétérogènes, il y en a tout de même quelques unes) ? Par exemple, y a-t-il une différence dans le nombre d'élèves par classe ? Parce q'une classe avec 15 élèves ou 35, ce sera différent.

     
     
    PAS_PAS 29 MAI 2015 À 1:2 

    @sherryone Que voulez-vous Sherryone, ils affirmeraient que la terre est plate si cela était nécessaire. Le droiteux comme son chef omni menteur est prêt à tout, invantant et mentant sans vergogne!

     
    MOKOUCH 29 MAI 2015 À 1:40 

    @pas_pas @sherryone

    Au niveau du mensonge il a un concurrent et sévère en plus

     
    VASSILISA 29 MAI 2015 À 1:19 

    @sherryone La mixité va tirer en moyenne l'ensemble de la classe un peu vers le haut mais ne tirera pas tous les élèves, notamment ne tirera pas du tout ceux qui se débrouillent bien. La facilité, l'absence de challenge peut d'ailleurs être source de décrochage chez des doués.

    Il faut absolument faire progresser tous les élèves mais ne sacrifions pas  les bons au prétexte qu'ils ont des facilités... le niveau baisse aussi parce qu'ils pourraient.

     
    ROGERXII 29 MAI 2015 À 2:16 

    @Vassilisa les bons élèves, souvent issus des classes aisés compensent avec les cours particuliers...

     
     
    VASSILISA 29 MAI 2015 À 11:11 

    @rogerII @Vassilisa Ca encore c'est un fantasme. Les bons élèves n'ont pas besoin de cours particuliers, au mieux quelques bouquins d'exos corrigés pour s'entrainer. 

    Quant aux élèves à fort potentiel, on gâche ce potentiel en ne leur demandant pas autant que ce qu'ils pourraient fournir... ils sont sacrifiés au nom de l'égalité.

    Certains décrochent et glandent, d'autres s'investissent dans l'extra-scolaire (musique, clubs de science, échecs...)

     
     
    MEGACHOUETTE 29 MAI 2015 À 1:49 

    @sherryone  désolé sherrystone, vos propos ne tiennent pas la route. Les bons élèves ne sont jamais tirés vers le haut par la mixité avec les mauvais. les bons sont tirés vers le haut lorsque l'enseignant peut se permettre de pousser les élèves d'avantage car ils suivent. ce que les profs ne peuvent pas faire dans une classe à niveau mixte. car s'ils le faisaient, les mauvais suivraient encore moins. 

     
    ROGERXII 29 MAI 2015 À 2:17 

    @megachouette le mauvais élève est un loup pour le bon élève. Votre pensée est magnifique

     
     
    VASSILISA 28 MAI 2015 À 23:13 

    Il est bien plus facile et bien plus efficace de faire cours à une classe relativement homogène, ceci explique les classes de niveau.

    Si la majorité d'une classe a besoin de rappels sur certains chapitres, on les fera plus facilement que s'il s'agit d'un ou deux élèves seulement. Bilan, c'est plus profitable pour l'élève d'avoir pu en bénéficier.

    Dans les établissements publics soumis à la carte scolaire, c'est bien le lieu d'habitation qui détermine le collège fréquenté. On comprend que tous les gamins de HLM se retrouvent dans le collège à côté.

     
     
    SHERRYONE 29 MAI 2015 À 0:56 

    Regardez où mène votre raisonnement ! Nous avons le système le plus élitiste et sommes les derniers dans tous.les palmarès internationaux. Expliquez-nous pourquoi ?

     
     
    VASSILISA 29 MAI 2015 À 1:27 

    @sherryone Le système français, élitiste? En quoi? Au primaire, au collège?

     
     
    ROGERXII 29 MAI 2015 À 2:19 

    @sherryone  ça sert à rien de lui répondre.

     
     
    SONDAGE 28 MAI 2015 À 22:3 

    et si c’était simplement un problème lié a la culture des gens qui pratiquent des cérémonies moyenâgeuse ?

     
     
    PACHIDERME 28 MAI 2015 À 21:46 

    Méchants établissements qui font de l'élitisme !

    Ca devient ridicule cette affiliation au ministère franchement...

     
     
    JMOR13 28 MAI 2015 À 23:6 

    @pachiderme

    Méchants établissements dont le niveau est nul par manque de travail et un gout immodéré du désordre des élèves.

     
     

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  • VÉRONIQUE SOULÉ 9 SEPTEMBRE 2014 À 19:36 (MIS À JOUR : 12 SEPTEMBRE 2014 À 11:46)

    Manifestation des étudiants de l'association «Touche pas à ma bourse, je la mérite», ce mardi devant l'Assemblée nationale.Manifestation des étudiants de l'association «Touche pas à ma bourse, je la mérite», ce mardi devant l'Assemblée nationale. (Photo Lionel Charrier. Myop)

    INTERVIEW 

    François Dubet, sociologue, ne regrette que «modérément» la suppression des bourses au mérite et y voit «une vraie opposition gauche-droite».

     

    Le sociologue François Dubet analyse pour Libération la décision du gouvernement de supprimer les bourses au mérite.

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      La prime au mérite victime de l’égalité

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    Que pensez-vous de ces bourses ?

    Dès lors qu’elles sont indexées sur la situation sociale, les résultats scolaires et l’assiduité, c’est plutôt une bonne chose. Le mérite est une valeur incontestable, il faut le récompenser. Il y avait auparavant un très bon dispositif avec les instituts baptisés Ipes, où de bons élèves de milieu modeste s’engageaient à être enseignants et recevaient une allocation.

    Vous regrettez leur suppression ?

    Modérément. La gauche a voulu élargir l’accès de tous à l’université. Son choix a aussi été un peu contraint par les ressources. Mais il faudrait s’interroger : on donne des bourses aux étudiants - ce qui est moralement bien - mais sans s’assurer que l’université a les moyens de les accueillir et de les faire réussir. De plus, la France distribue beaucoup de bourses mais elles sont extrêmement faibles. De ce fait, cela ne les aide pas véritablement. Dans un budget étudiant, les quelque cent euros par mois en plus sont rarement décisifs. Il faudrait être un peu plus courageux et mieux cibler en fonction des revenus. Dans les comparaisons internationales, la France distribue beaucoup, mais cela ne fait pas la différence, car la qualité de l’accueil à l’université ne suit pas.

    Existe-t-il une conception de droite du mérite et une de gauche ?

    C’est une valeur transversale à la droite et à la gauche. Si vous touchez aux prépas par exemple, vous verrez que la défense ne vient pas que de la droite. La gauche aussi est méritocratique.

    Mais la construction d’un système qui ne reposerait que sur le mérite est une pensée de droite - on va aider ceux qui méritent de l’être, distinguer les bons pauvres des mauvais, les bons chômeurs des mauvais, les bons élèves des mauvais, comme si le fait d’être bon ou pas relevait exclusivement d’une décision personnelle. C’est le cas, mais en partie. Le fait que je décide ou non de travailler signifie aussi que j’ai pu bénéficier de conditions meilleures. Quand on regarde les héros du bac - les enfants de familles immigrées qui ont 21 de moyenne -, ils ont eu la chance d’avoir des familles unies et solides. Passer à l’idée que la reconnaissance du mérite fonde une politique sociale est un thème de droite.

    Ici il y a une vraie opposition gauche-droite. Car si on n’aide que les méritants, la tendance est de laisser tomber les autres et, au fond, de les culpabiliser - ils n’avaient qu’à avoir du mérite… Or en général ceux qui en ont le plus, ceux qui réussissent le mieux dans l’absolu sont les plus favorisés. Sous prétexte de méritocratie, on aboutit à un système darwinien : on défend les meilleurs mais on fait l’impasse sur le fait qu’ils sont globalement issus de milieux favorisés. Et cela devient injuste.

    L’école républicaine est bien méritocratique ?

    Elle l’a toujours été dans la mesure où elle proclame : si un élève de milieu modeste manifeste des talents très particuliers, la nation ne doit pas s’en priver et elle va l’aider. C’est même une valeur fondamentale de notre école.

    Mais le modèle méritocratique est devenu le modèle scolaire. On est passé à l’idée que le système devait être construit pour dégager le mérite des meilleurs. Je ne suis pas scandalisé par le fait qu’il y ait des élites. Ce que l’on peut reprocher à notre école est que ce système d’extraction des élites commande tout. Par exemple, il est très difficile de mettre en place le «socle commun» [liste de connaissances et de compétences que l’élève doit maîtriser en fin de scolarité, critiqué par certains comme un savoir minimum, ndlr], car on est persuadé que l’enseignement au collège doit permettre aux meilleurs d’accéder aux «bonnes» écoles. Donc tout le monde va avoir des programmes destinés à distinguer une élite, avec l’obsession du classement et des filières. Ce que l’on peut reprocher à l’élitisme, c’est que la totalité du système est faite pour produire des élites.

    C’est un système qui en laisse au bord de la route ?

    Sous prétexte de dégager une élite, on traite mal ceux qui n’y appartiennent pas. Un exemple : l’ex-ministre Vincent Peillon voulait rapprocher le collège de l’école élémentaire. La réponse a été immédiate : vous allez baisser le niveau, sacrifier les élites, mieux vaut accepter le «massacre des innocents» en sixième… Or tous les sociologues savent que l’élite scolaire reflète les inégalités sociales.

    Ceci explique que les enfants d’origine modeste qui réussissent soient chez nous si valorisés. Ils sont la démonstration de la vertu du système. Chaque fois que l’un d’eux entre dans une grande école, même si c’est 1 pour 1 000, on entend «vous voyez, ça prouve que le système peut être juste». La pensée de gauche consisterait à dire «oui bien sûr, mais le problème reste les 999 qui ne vont pas y entrer».

    A-t-on eu une politique de gauche de ce point de vue ?

    Le grand débat sur la refondation de l’école a été lancé sur ces bases-là : élargir le temps scolaire pour les enfants de catégories modestes, rapprocher le collège du primaire pour éviter les ruptures… Force est de constater que la société française - enfin celle qui s’exprime, les classes moyennes fortement scolarisées - n’a pas manifesté un enthousiasme débordant, pas plus que le monde enseignant. L’intégration des prépas dans les universités s’est heurtée à une fin de non-recevoir immédiate. Ce système élitiste est tellement favorable à une partie de la société qu’elle a bien du mal à l’abandonner.

    Le mérite est-il français ?

    Non. Tout le monde est méritocratique. Dans une société démocratique affirmant l’égalité de tous les individus, le mérite est une valeur incontestable. Vous ne pouvez fonder des hiérarchies sociales justes que sur les mérites des individus - pour occuper une position sociale, il est plus juste que cela dépende du mérite que de la naissance. Le problème est lorsque vous hypertrophiez ce principe. Vous entrez alors dans un système brutal et injuste. Certes, il faut dégager de bons élèves, mais cela ne nous dispense pas de nous occuper presque prioritairement de ceux qui ne le sont pas. Il faut compenser le mérite par l’idée qu’on a des devoirs envers ceux qui n’en ont pas. Et ici il y a un vrai clivage idéologique.

    Recueilli par Véronique Soulé

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