• Bertrand Vergely : «Au collège, la République va tourner le dos à ses propres valeurs» (19.05.2015)

    Crédits photo: Mario de Biasi/Mondadori Portfolio/Rue des Archives

     

    FIGAROVOX/EXTRAITS - Gestation pour autrui, réforme du collège: à l'occasion de la sortie de son ouvrage La Tentation de l'homme-Dieu, le philosophe Bertrand Vergely livre sa réflexion sur les problématiques de notre société «postmoderne».


    Bertrand Vergely est philosophe et théologien. Il est l'auteur de Deviens qui tu es: La philosophie grecque à l'épreuve du quotidien (Albin Michel, 2014).


    FIGAROVOX. - La réforme sur les collèges suscite depuis plusieurs semaines une vive polémique, entre ceux qui dénoncent un «nivellement par le bas» et ceux qui défendent l'égalitarisme. La «réussite pour tous» à l'école est-elle possible?

    Bertrand Vergely. - Derrière cette formule qui sert aujourd'hui à définir la philosophie officielle de l'éducation se trouve le souci légitime de tout faire pour que chacun puisse s'insérer dans la société. D'où la pertinence de ne laisser aucun élève sur le bord du chemin sous prétexte qu'il est en difficulté. Ce que s'emploient à faire les professeurs des collèges avec un dévouement qu'il convient de saluer. Toutefois, les limites existent. Dans la vie, on peut souhaiter réussir. Mais qui peut être certain qu'il va y parvenir?

    On peut favoriser la réussite. Mais qui peut la garantir? D'où un mensonge quand on annonce la réussite pour tous. Et un danger. Il est possible de supprimer facilement l'échec scolaire. Il suffit pour cela de baisser le niveau général. Ainsi, cessons, comme cela se fait actuellement, de sanctionner les fautes d'orthographe, transformons les notes en couleurs, interdisons le redoublement et fixons à l'avance le taux de réussite au baccalauréat à 85 %. L'utopie de la réussite pour tous devient une réalité. Mais à quel prix! L'élève en difficulté va certainement cesser de se sentir humilié, mais qu'aura-t-il appris et que vaudra le savoir?

    Au lieu de le mettre au niveau d'une culture ne va-t-on pas mettre la culture à son niveau? Et, au lieu de les faire disparaître, la réussite pour tous ne va-t-elle pas renforcer les inégalités?

    Qu'un bon élève évolue dans une école qui ne sanctionne plus l'échec, qu'importe. Comme il est bon, il s'en sortira toujours. Qu'un élève en difficulté subisse ce même régime. Il était en difficulté, il va désormais couler à pic. Quand il était ministre de l'Éducation, Jean-Pierre Chevènement a rappelé que la République se fonde sur l'excellence ainsi que sur ces fondamentaux de l'éducation qui sont le fait de savoir lire, écrire et compter. Avec la réussite pour tous, la République va tourner le dos à ses propres valeurs.

    » Retrouvez l'intégralité de notre article dans l'édition du Figaro à paraître le 19 mai, ou dès maintenant sur Le Figaro Premium


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