• Le grand plan pour le numérique à l'école dévoilé par François Hollande pourrait changer la classe bien plus radicalement que les réformes du collège et des programmes. La preuve en trois révolutions.

     

    source : http://www.lexpress.fr/education/les-trois-revolutions-numeriques-qui-attendent-l-ecole_1679682.html

    Les révolutions silencieuses apportent plus de changements que l'ivresse des grands soirs, si souvent annonciatrice d'âpres gueules de bois matutinales. Promis voilà neuf mois, le grand plan pour le numérique à l'école, finalement dévoilé à la fin de la semaine dernière par François Hollande, pourrait ainsi changer notre système éducatif bien plus radicalement que les très polémiques réformes du collège et des programmes. 

    Une première révolution se jouera dans les classes. N'en déplaise aux locataires de la Rue de Grenelle, une fois franchie la porte de la salle de classe, le véritable décideur politique n'est pas le ministre mais l'enseignant, seul maître à bord de sa pédagogie. En reconnaissant aux professeurs une réelle autonomie d'initiative, la réforme devrait petit à petit instiller cette culture du "bottom up" qui manque tant à un système centralisé et infantilisant, qui étouffe l'esprit d'innovation et désespère nombre de ceux qui s'échinent à trouver les voies les mieux adaptées pour transmettre des connaissances et faire acquérir des compétences à leurs élèves. Trois conditions de réussite: que les cadres (inspecteurs, chefs d'établissement...) apprennent à encourager et à faire confiance; que la formation continue des enseignants soit, comme annoncé, ressuscitée; que l'intendance suive - matériels et logiciels ne peuvent être de moindre qualité que ceux qu'utilisent enseignants et élèves dans la sphère privée, les réseaux doivent fonctionner, la maintenance se doit d'être réactive et attentive... 

    Collaboration et investissement, clés de la réussite

     

    Une deuxième révolution touchera les établissements scolaires. Favoriser la création de fab labs, ouverts en dehors des horaires scolaires, pourrait adresser plusieurs messages puissants aux familles, invitées à fréquenter l'établissement de leur enfant pour y réaliser des projets. Les fab labs, nés aux Etats-Unis, consistent en de vastes ateliers dotés d'équipements en libre accès, notamment d'imprimantes 3D, permettant de travailler la matière (bois, métal, céramique, plastique, etc.); ils reposent sur un fonctionnement collaboratif: en échange de la gratuité de l'accès, chacun apporte sa contribution au travail de la communauté. Faire des établissements scolaires des pôles d'attractivité, dont on ne franchit pas seulement la porte pour se soumettre à l'autorité scolaire, peut, à terme, bouleverser les relations entre école et famille. Parmi les conditions de réussite: ne pas ouvrir de fab labs au rabais, favoriser leur fréquentation par l'ensemble de la collectivité (enseignants, parents, élèves)... 

    Une troisième révolution frappera l'ensemble du système. En créant un fonds d'investissement, afin de produire un effet de levier sur l'investissement privé, l'Etat permettrait à la France de se doter d'une industrie compétitive, capable d'offrir une alternative aux innovations portées par les start-up edtech (technologies de l'éducation) nord-américaines, qui ont levé, l'an dernier, 1 milliard de dollars. Une course mondiale est déjà engagée entre secteur public et acteurs privés, qui rêvent de créer des services éducatifs alternatifs et accessibles, capables de reconfigurer totalement l'économie de l'éducation et de bousculer les monopoles apparemment indéboulonnables - preuve en a déjà été donnée dans de nombreux secteurs, de la grande distribution au voyage, en passant par la musique ou l'hôtellerie. La France possède déjà deux des trois atouts maîtres de cette compétition: d'excellentes écoles d'ingénieurs et une capacité de recherche de niveau mondial ; manque la puissance d'investissement, qui permet d'aider les start-up à passer à plus grande échelle. Condition de réussite: apprendre à compter en milliards et non plus en millions. 

     

    A cette aune, on pourrait déplorer que ce plan, qui comporte bien d'autres annonces, ait été relégué au second plan médiatique. Paradoxalement, c'est peut-être sa meilleure chance d'aboutir. 


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