• Pourquoi la base de la FCPE tempête contre sa direction (Le Figaro, 26/05/2015)

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    Pourquoi la base de la FCPE tempête contre sa direction (Le Figaro, 26/05/2015)

    Paul Raoult, le président de la Fédération de conseils de parents d'élèves est arrivé 17e sur 24 lors du congrès national. Une première. Il paye son soutien à la réforme du collège.

    La FCPE, première fédération de parents d'élèves du public avec ses 300 000 adhérents, connaît une crise interne politique importante. C'est la première fois depuis la fondation de cette fédération proche de la gauche, en 1947, qu'un président n'est pas reconduit dans ses fonctions d'administrateur. Le désaveu est sans appel. Le conseil d'administration était renouvelé par tiers ce week-end, lors du congrès national organisé à Reims, et son président, Paul Raoult, est arrivé 17e sur 24. Le rapport d'activité a aussi été rejeté avec 48 % de votes contre et 11 % d'abstentions.

    Ce vote s'explique avant tout par «une crise d'organisation», affirme Paul Raoult, qui dénonce une «instrumentalisation» établissant un lien avec son soutien très appuyé à la réforme du collège. Pour preuve, «la standing ovation réservée à la ministre» de l'Éducation nationale, samedi. La FCPE «continuera, pour la réussite de tous les élèves, à défendre la réforme du collège, qui devra être abondée en moyens suffisants», a affirmé lundi la fédération.

    Il s'agissait d'une contre-attaque après l'affirmation dimanche de l'UMP selon laquelle les parents d'élèves avaient «sévèrement sanctionné les soutiens inconditionnels de Mme Vallaud-Belkacem et le projet de réforme du collège». De fait, de nombreux militants regrettent un manque de «démocratie» et une absence de prise en compte des positionnements locaux pas aussi unanimes que la direction l'affirme sur les réformes gouvernementales.

    «Suivisme» politique

    Vingt-six présidents de conseils départementaux ont d'ailleurs tenté de faire voter une «motion de défiance» à l'égard du conseil d'administration. Pierre-Vincent Ortoli, président de la FCPE en Corse-du-Sud, a pris la tête de cette fronde au sein d'un courant appelé «Ambition». Il reproche surtout à la direction son «suivisme» politique. «Nous n'avons pas à être alignés systématiquement sur la politique du gouvernement sous prétexte qu'il est de gauche, explique-t-il. De même, nous n'avions pas apprécié le soutien inconditionnel de la FCPE à la réforme du lycée sous la majorité précédente.» Si les militants sont plutôt de sensibilité de gauche, c'est avec des «niveaux d'implication très divers. Certains peuvent même être à droite. En revanche, à la direction, certains sont visiblement de grands partisans du Parti socialiste», analyse Isabelle Traband, présidente de la direction départementale du Bas-Rhin.

    Pour cette «frondeuse»,«la base n'est pas écoutée, peu consultée». Il s'agit «d'applaudir des deux mains» à la réforme du collège, des rythmes scolaires ou du nouveau calendrier scolaire, alors que les parents, sur le terrain, sont, selon elle, opposés aux réformes. «Nous n'avons pas à être le porte-parole du gouvernement. Arrêtons de dérouler le tapis rouge. On ne se reconnaît plus dans ce qui est dit», dénonce-t-elle. Cette mère d'un enfant en terminale s'agace de la «surenchère sur l'égalité qui ne veut absolument rien dire». «Donnons dans ce cas plus à ceux qui en ont vraiment besoin!» explique cette femme, qui regrette la disparition des classes européennes ou l'affaiblissement du latin. Les adhérents sont par ailleurs très partagés sur les rythmes scolaires, dont l'organisation est, en Alsace, «ubuesque» et les activités périscolaires «en partie bidon» et «payantes». «Au mieux, les enfants font un peu de gym, rien d'intéressant.»

    Dans son département plutôt rural de la Meuse, Sébastien Wirtz décrit des adhérents divisés qui craignent que l'enseignement du latin ne disparaisse totalement, car les professeurs susceptibles d'enseigner cette discipline ne pourront pas se partager entre plusieurs établissements, trop distants les uns des autres. Et il observe qu'en dépit de sa proximité géographique avec l'Allemagne son département n'aura plus de classes bilangues. «La majorité des adhérents est favorable à la réforme des collèges, même s'il y a des discussions quant aux moyens alloués pour l'appliquer, nuance Isabelle Rocca, vice-présidente de la FCPE Paris. L'ancienne direction s'appuyait peut-être trop sur un noyau dur de parents très militants, et la base a souhaité un élargissement et plus de participation.»


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