Une détermination sans faille. Malgré la mobilisation, entre 25% et 50% de grévistes parmi les enseignants, le gouvernement reste inflexible sur sa réforme du collège.
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Alors que des personnalitéspolitiques ou syndicales continuent de débattre sur le sens et l'opportunité de cet ensemble de mesure, Najat Vallaud-Belkacem et Manuel Valls, eux, maintiennent le cap.
Elle «se fera et entrera en vigueur à la date prévue», à la rentrée 2016, car «elle est indispensable», a ainsi déclaré la ministre de l'Education nationale. Et d'assurer qu'elle a entendu le mécontentement d'une partie des professeurs, promettant des «garanties» pour une bonne mise en oeuvre de la réforme.
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Najat Vallaud-Belkacem a reçu le soutien du président de la République et de son Premier ministre. La réforme du collège «doit permettre d'assurer la réussite pour tous et l'excellence», a répété François Hollande depuis Berlin ce mardi. «Il y a des interrogations, elles sont légitimes. Mais il y a une réforme qui doit permettre d'assurer la réussite pour tous (...) et l'excellence. C'est l'esprit de la réforme du collège», a fait valoir le chef de l'Etat.
«Cette réforme va être mise en oeuvre comme c'était prévu, et le décret sera publié le plus rapidement possible», avait de son côté déclaré un peu plus tôt Manuel Valls à son arrivée à l'Assemblée nationale, avant la réunion du groupe socialiste.
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QUESTION DU JOUR. Najat Vallaud-Belkacem a-t-elle raison de maintenir sa réforme du collège ?
Christian Jacob (UMP). «Il est invraisemblable que le seul endroit où l'on ne va pas en débattre soit le Parlement ! Le gouvernement, Manuel Valls en tête, refuse le débat au Parlement (...) sur un thème qui mobilise l'ensemble des Français», a déclaré le chef de file des députés UMP, Christian Jacob, lors d'une conférence de presse. Il a vu «un coup de force» dans la déclaration du Premier ministre assurant que la réforme serait «mise en œuvre» et le décret «publié le plus rapidement possible». Invoquant «l'article 50-1 de notre Constitution, qui donne la possibilité d'inscrire un débat à tout moment à la demande d'un groupe parlementaire», le président du groupe UMP a affirmé avoir fait cette demande lors de la conférence des présidents, mais «le gouvernement l'a refusée», par la voix de Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement.
«Nous, nous sommes prêts à débattre à la date de convenance du gouvernement», a insisté le responsable d'opposition. «Les députés UMP vont «continuer à poser des questions au gouvernement» car celui-ci «s'enferme dans une logique doctrinaire» sur cette réforme. Estimant que la ministre a «peur de débattre, projet contre projet», l'élu de Seine-et-Marne et ancien ministre a considéré que « le meilleur ministre de l'Education a été Benoît Hamon, parce qu'il n'a pas eu le temps de porter un texte», en allusion à sa sortie du gouvernement à l'été 2014.
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Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP). «Ce serait raisonnable d'envisager un retrait» de cette réforme «mal construite», a affirmé la vice-présidente de l'UMP ce mardi matin sur France Info, extimant qu'«elle n'a pas été construite de manière à bâtir du consensus». Et la n°2 de l'UMP d'ajouter : «La fronde, le rejet, la critique à l'égard de cette réforme traversent vraiment l'ensemble de la communauté éducative, de ceux qui sont concernés, les parents, l'ensemble de la société. Ce n'est pas un sujet politique».
L'ex-ministre a dénoncé un «problème de fond et de méthode» : «La façon dont» Najat Vallaud-Belkacem «gère cette période non seulement n'est pas de nature à construire du consensus, à apaiser, mais c'est le contraire: elle met dans la façon de défendre sa réforme une manière d'arrogance, à dire "Finalement, tous ceux qui sont contre, soit n'ont pas lu, soit n'ont pas compris". Ca fait beaucoup de gens !»
«Derrière cette réforme, a ajouté la députée UMP de l'Essonne, il y a une philosophie de l'éducation qui n'est pas la nôtre et qui n'est pas, je crois, celle de la majorité des Français, y compris la majorité des professeurs. Quand la ministre de l'Education dit que le problème, c'est l'élitisme, nous sommes contre l'élitisme, cela ne veut rien dire».
«Il y avait eu une réforme en 2008 (ndlr. sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy). Je crois que c'était une bonne réforme qui commence à porter ses fruits, qui est le retour à des méthodes traditionnelles. Tout le monde était d'accord sur cette idée que le primaire, ça ne marchait pas bien en France et qu'il fallait revenir aux fondamentaux, faire en sorte que la priorité soit que les enfants qui sortent du primaire soient solides sur leurs fondamentaux. Je trouve que cette réforme mérite d'être prolongée sur le collège, en 6e-5e», a poursuivi Nathalie Kosciusko-Morizet.
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Benoît Hamon (PS). «Tout cela a une cohérence, ce sont les différentes pièces d'un puzzle qui vise à lutter davantage contre les inégalités, notamment sur ce moment important de la scolarité qui est la scolarité obligatoire», a déclaré sur France Inter l'ex-ministre (PS) de l'Education nationale. Le gouvernement, a-t-il poursuivi, «s'est beaucoup mobilisé et je pense qu'il a raison de le faire. Une réforme du collège aussi importante que celle-ci, qui prolonge tous les efforts d'ores et déjà réalisés dans le domaine de l'Education nationale, a besoin d'être portée politiquement au plus haut niveau de l'exécutif». Si la ministre de l'Education «bénéficie du soutien très fort de toute la majorité», le député socialiste des Yvelines ne pense pas «qu'il faille considérer que tous ceux qui parfois protestent, critiquent, veulent amender une réforme sont des conservateurs qui ne voudraient rien changer. Il faut les écouter, c'est l'engagement qu'a pris Najat Vallaud-Belkacem et elle a bien fait».
Les enseignants, estime l'ancien ministre, «sont inquiets, si j'écoute les différents syndicats, de ces 20% d'autonomie qui seront donnés aux établissements pour pouvoir mettre en place ces fameux enseignements interdisciplinaires». Lesquels sont «indispensable si on veut permettre aux élèves de maîtriser des savoirs qui sont attendus d'eux en termes de connaissances et de compétence au terme de leur scolarité obligatoire». Et de conclure : «C'est une innovation pédagogique qui était attendue depuis longtemps. Maintenant il faut sans doute donner des garanties en termes de mise en oeuvre de cette autonomie, en termes d'organisation de ces enseignements interdisciplinaires de façon à ce que chacun se sente parfaitement mobilisé autour de cette réforme qui, sans les enseignants, serait un échec».
Laurent Berger (CFDT). «Le collège est profondément injuste (...) Il faut éviter le statu quo et permettre à tous de réussir et ce n'est pas niveler par le bas mais au contraire faire vivre le principe de l'égalité républicaine que tout le monde a dans la bouche aujourd'hui», a estimé le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, invité mardi sur RTL , alors que le Sgen-CFDT est le seul syndicat, avec le SE-Unsa, à ne pas appeler les professeurs de collège à la grève. «La réforme du collège permet du travail interdisciplinaire, elle permet à tous les jeunes à partir de la 5e d'avoir une deuxième langue et l'on sait que les langues, ce n'est pas ce qu'il y a de meilleur chez les Français», a-t-il ajouté.
«Cette réforme permet aussi d'accompagner le plus grand nombre de jeunes, notamment ceux qui sont en difficulté», a poursuivi Laurent Berger. «C'est une réforme qui ne règlera pas tout mais qui permet aux enseignants, aux équipes éducatives, de se préparer pour mettre en oeuvre ce projet à la rentrée 2016», a-t-il ajouté. Interrogé sur la contestation de la réforme, il a estimé que «l'école est un sujet qui touche tout le monde et (...) c'est devenu un objet politique. Et là on prend en otage les jeunes, on prend en otage les familles, on prend en otage les enseignants qui sont tous victimes».
Le secrétaire général de la CFDT considère que cette réforme «pose simplement les bases d'une amélioration du collège, un collège unique pour tous mais qui permette à ceux (qui sont) les plus en difficulté de s'en sortir». «Le plus important, c'est l'élève. Encore une fois, on va politiser un débat et ne pas mettre l'élève au centre des préoccupations. On a eu la même chose au moment des rythmes scolaires».
«Je ne suis pas contre les élites, mais ce n'est pas contradictoire avec le fait d'aider ceux qui sont le plus en difficulté, a encore relevé Laurent Berger. Et les enseignants ont tout à y gagner. L'idée n'est pas de stigmatiser les enseignants».
VIDEO. Laurent Berger mardi matin sur RTL
Laurent Berger soutient la réforme du collège par rtl-fr