• Mardi 19 Mai 2015 à 18:30

     
    Patricia Neves
     
    Les enseignants manifestent ce mardi contre la réforme du collège et la refonte des programmes portées par la ministre Najat Vallaud-Belkacem. Parmi eux, Jean, tout jeune professeur d'histoire-géographie, dépité par la déconnexion totale des responsables politiques de la réalité du terrain.
    SEBASTIEN SALOM-GOMIS/SIPA

    Adossé aux grilles du jardin du Luxembourg, Jean* E. pourrait être l’un de ces jeunes dandys qui promènent, insouciants, leurs pensées à travers les ruelles du quartier latin de Paris, un livre négligemment glissé dans la poche arrière. Près de lui, un chariot plein de baguettes de pain et de brochettes grillées parfume cependant l’atmosphère d’une odeur inhabituelle pour le lieu. Des groupes se forment ci et là. Des bannières syndicales apparaissent. « Je t’attends » glisse Jean à son interlocuteur au téléphone. Il est en avance. La manifestation des enseignants contre la réforme du collège ne débute qu’à 14h00, mais le jeune homme, frêle, est ponctuel. Et prévoyant. En témoigne le grand parapluie soigneusement posé près de lui.

    « J’ai 24 ans. C’est ma première année », se présente-t-il simplement. En réalité, Jean n’a jamais quitté l’école, où il a d’abord travaillé, depuis ses 18 ans, comme surveillant. Un pion rapidement promu professeur. En histoire-géo, cette matière que certains de ses élèves résument d'une interrogation : « A quoi ça sert l’histoire puisqu’ils sont déjà tous morts ? »

    Et avec cette réforme et la fin de l’enseignement chronologique, Jean n'a pas le sentiment qu'on l'aide vraiment à convaincre ses élèves de l'utilité de cette matière : « On va enseigner des points d’histoire, sans continuité, à des élèves non seulement en manque de repères mais qui présentent également de grandes difficultés à situer les événements dans le temps. » Qu’importe. Les inspecteurs ont déjà commencé le travail puisqu’ils interdisent désormais, confie notre professeur, d’enseigner l’histoire-géographie à travers l’étude de frises chronologiques. Elles sont jugées trop ringardes. « C’est une aberration » déplore-t-il.

    Au-delà de la réforme du collège, le jeune homme se montre plus inquiet encore au sujet de cette autre réforme qu’on « essaye de faire passer en douce », celle des programmes. « Le ministère a bien envoyé un mail de concertation aux professeurs afin qu’ils lui fassent parvenir leurs doléances. Mais le nouveau contenu des programmes est déjà prêt, d’ailleurs il a déjà été envoyé aux maisons d’édition. » Jean sort son téléphone où s’affiche un courriel (voir ci-dessous) expédié par les éditions Nathan. « Découvrez l’offre Nathan 2015 à paraître ! » lit-on en effet. Bien sûr, il est indiqué, un peu plus loin, que les « programmes sont en cours de validation au ministère » et que l'éditeur est « toujours dans l'attente des textes définitifs », mais pour notre enseignant, ce mail constituerait presque une preuve que la voix des professeurs ne sera pas entendue. 

    Bientôt rejoint par deux de ses collègues d’un collège de ZEP à Villeneuve-la-Garenne, dans les Hauts-de-Seine, Jean E. ne parle plus qu’à trois voix. Les expériences des trois professeurs se mêlent ainsi et se ressemblent. On dit que les élèves s’ennuient mais « on est tout le temps en représentation pour attirer leur attention » « On multiplie les supports de cours, à l’instar du vidéo projecteur, pour lequel faute de budget on manque parfois d’ampoules ! » « Le problème, c’est que cette réforme du collège revient à construire une maison en commençant par le toit, c’est par la base et en réformant l’école primaire qu’il faudrait commencer... » « Les élèves sont infantilisés, ceux qui bénéficient notamment d’un accompagnement individuel, et auxquels on propose, à ce titre, des contrôles simplifiés, des exercices simplifiés, moins de devoirs et qui ne parviennent pas à rattraper leur retard ou les autres qui arrivent en 6e (10% à 15%) sans savoir lire... »

    « Les élèves fonctionnent à l’affect » poursuit Jean. Certains arrivent et vous disent : « Moi, je t’aime pas » ou alors « s’attachent à vous, vous posent toutes sortes de questions ». « Nous, on se défonce pour les gamins qui n’y arrivent pas. » En face, l'élève oscille, se montre à la fois demandeur en savoirs et insolent, affichant sans vergogne son manque d'envie de travailler. « “Le brevet, on s'en fout, on a même pas besoin de travailler pour l'avoir, ça sert à rien”, nous disent-ils »« A Villeneuve-la-Garenne les meilleurs élèves sont par conséquent noyés par les difficultés ou le décrochage des autres. Au bout de quelques années, ils partent. Et ce n'est pas que des déménagements... » Non, leurs parents fuient et, face à ce genre de situation, « les hommes politiques sont complètement déconnectés du terrain » conclut dépité Jean.

    * Le nom a été changé.

     

    votre commentaire
  • Nathalie Kosciusko-Morizet, vice-présidente de l'UMP, estime qu'il serait «raisonnable» pour le gouvernement d'«envisager un retrait» de la réforme du collège. La ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, assure que la réforme «se fera comme prévu».

    19 Mai 2015, 09h40 | MAJ : 19 Mai 2015, 18h58
     
     
    Le Premier ministre Manuel Valls et la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem à Paris, le 10 mai 2015Le Premier ministre Manuel Valls et la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem à Paris, le 10 mai 2015 (AFP/Kenzo Tribouillard)

    Une détermination sans faille. Malgré la mobilisation, entre 25% et 50% de grévistes parmi les enseignants, le gouvernement reste inflexible sur sa réforme du collège.

     

    Sur le même sujet

    Najat Vallaud-Belkacem a-t-elle raison de maintenir sa réforme du collège ?

    Najat Vallaud-Belkacem a-t-elle raison de maintenir sa réforme du collège ?

    Réforme du collège : l'épreuve du feu pour Najat Vallaud-Belkacem

    Réforme du collège : l'épreuve du feu pour Najat Vallaud-Belkacem

    Réforme du collège : les enseignants appelés à la grève ce mardi

    Réforme du collège : les enseignants appelés à la grève ce mardi

    Réforme du collège : 27,6% de grévistes selon le ministère, 50% selon le Snes

    Réforme du collège : 27,6% de grévistes selon le ministère, 50% selon le Snes

    Réforme du collège : l'UMP et l'UDI réclament un débat à l'Assemblée

    Réforme du collège : l'UMP et l'UDI réclament un débat à l'Assemblée

    EN IMAGES. Paris : les profs dans la rue contre la réforme du collège

    Alors que des personnalitéspolitiques ou syndicales continuent de débattre sur le sens et l'opportunité de cet ensemble de mesure, Najat Vallaud-Belkacem et Manuel Valls, eux, maintiennent le cap. 

    Elle «se fera et entrera en vigueur à la date prévue», à la rentrée 2016, car «elle est indispensable», a ainsi déclaré la ministre de l'Education nationale. Et d'assurer qu'elle a entendu le mécontentement d'une partie des professeurs, promettant des «garanties» pour une bonne mise en oeuvre de la réforme.

    VIDEO. Réforme du collège: 10000 manifestants dans les rues de Paris


    Najat Vallaud-Belkacem a reçu le soutien du président de la République et de son Premier ministre. La réforme du collège «doit permettre d'assurer la réussite pour tous et l'excellence», a répété François Hollande depuis Berlin ce mardi. «Il y a des interrogations, elles sont légitimes. Mais il y a une réforme qui doit permettre d'assurer la réussite pour tous (...) et l'excellence. C'est l'esprit de la réforme du collège», a fait valoir le chef de l'Etat. 

    «Cette réforme va être mise en oeuvre comme c'était prévu, et le décret sera publié le plus rapidement possible», avait de son côté déclaré un peu plus tôt Manuel Valls à son arrivée à l'Assemblée nationale, avant la réunion du groupe socialiste.

    VIDEO. Vallaud-Belkacem : la réforme «se fera car elle est indispensable»


    VIDEO. Valls : la réforme du collège «sera mise en oeuvre»


    QUESTION DU JOUR. Najat Vallaud-Belkacem a-t-elle raison de maintenir sa réforme du collège ?

    Christian Jacob (UMP). «Il est invraisemblable que le seul endroit où l'on ne va pas en débattre soit le Parlement ! Le gouvernement, Manuel Valls en tête, refuse le débat au Parlement (...) sur un thème qui mobilise l'ensemble des Français», a déclaré le chef de file des députés UMP, Christian Jacob, lors d'une conférence de presse. Il a vu «un coup de force» dans la déclaration du Premier ministre assurant que la réforme serait «mise en œuvre» et le décret «publié le plus rapidement possible». Invoquant «l'article 50-1 de notre Constitution, qui donne la possibilité d'inscrire un débat à tout moment à la demande d'un groupe parlementaire», le président du groupe UMP a affirmé avoir fait cette demande lors de la conférence des présidents, mais «le gouvernement l'a refusée», par la voix de Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement.

    «Nous, nous sommes prêts à débattre à la date de convenance du gouvernement», a insisté le responsable d'opposition. «Les députés UMP vont «continuer à poser des questions au gouvernement» car celui-ci «s'enferme dans une logique doctrinaire» sur cette réforme.  Estimant que la ministre a «peur de débattre, projet contre projet», l'élu de Seine-et-Marne et ancien ministre a considéré que « le meilleur ministre de l'Education a été Benoît Hamon, parce qu'il n'a pas eu le temps de porter un texte», en allusion à sa sortie du gouvernement à l'été 2014.

    VIDEO. Collège : ce que propose la réforme


    Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP). «Ce serait raisonnable d'envisager un retrait» de cette réforme «mal construite», a affirmé la vice-présidente de l'UMP ce mardi matin sur France Info, extimant qu'«elle n'a pas été construite de manière à bâtir du consensus». Et la n°2 de l'UMP d'ajouter : «La fronde, le rejet, la critique à l'égard de cette réforme traversent vraiment l'ensemble de la communauté éducative, de ceux qui sont concernés, les parents, l'ensemble de la société. Ce n'est pas un sujet politique».

    L'ex-ministre a dénoncé un «problème de fond et de méthode» : «La façon dont» Najat Vallaud-Belkacem «gère cette période non seulement n'est pas de nature à construire du consensus, à apaiser, mais c'est le contraire: elle met dans la façon de défendre sa réforme une manière d'arrogance, à dire "Finalement, tous ceux qui sont contre, soit n'ont pas lu, soit n'ont pas compris". Ca fait beaucoup de gens !»

    «Derrière cette réforme, a ajouté la députée UMP de l'Essonne, il y a une philosophie de l'éducation qui n'est pas la nôtre et qui n'est pas, je crois, celle de la majorité des Français, y compris la majorité des professeurs. Quand la ministre de l'Education dit que le problème, c'est l'élitisme, nous sommes contre l'élitisme, cela ne veut rien dire».

    «Il y avait eu une réforme en 2008 (ndlr. sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy). Je crois que c'était une bonne réforme qui commence à porter ses fruits, qui est le retour à des méthodes traditionnelles. Tout le monde était d'accord sur cette idée que le primaire, ça ne marchait pas bien en France et qu'il fallait revenir aux fondamentaux, faire en sorte que la priorité soit que les enfants qui sortent du primaire soient solides sur leurs fondamentaux. Je trouve que cette réforme mérite d'être prolongée sur le collège, en 6e-5e», a poursuivi Nathalie Kosciusko-Morizet.

    VIDEO. Réforme du collège: «Elle ne va pas dans le bon sens» estime François Portzer


    VIDEO. NKM mardi matin sur France Info

    Grève des enseignants : NKM espère "une journée... par FranceInfo

    Benoît Hamon (PS). «Tout cela a une cohérence, ce sont les différentes pièces d'un puzzle qui vise à lutter davantage contre les inégalités, notamment sur ce moment important de la scolarité qui est la scolarité obligatoire», a déclaré sur France Inter l'ex-ministre (PS) de l'Education nationale. Le gouvernement, a-t-il poursuivi, «s'est beaucoup mobilisé et je pense qu'il a raison de le faire. Une réforme du collège aussi importante que celle-ci, qui prolonge tous les efforts d'ores et déjà réalisés dans le domaine de l'Education nationale, a besoin d'être portée politiquement au plus haut niveau de l'exécutif». Si la ministre de l'Education «bénéficie du soutien très fort de toute la majorité», le député socialiste des Yvelines ne pense pas «qu'il faille considérer que tous ceux qui parfois protestent, critiquent, veulent amender une réforme sont des conservateurs qui ne voudraient rien changer. Il faut les écouter, c'est l'engagement qu'a pris Najat Vallaud-Belkacem et elle a bien fait».

    Les enseignants, estime l'ancien ministre, «sont inquiets, si j'écoute les différents syndicats, de ces 20% d'autonomie qui seront donnés aux établissements pour pouvoir mettre en place ces fameux enseignements interdisciplinaires». Lesquels sont «indispensable si on veut permettre aux élèves de maîtriser des savoirs qui sont attendus d'eux en termes de connaissances et de compétence au terme de leur scolarité obligatoire». Et de conclure : «C'est une innovation pédagogique qui était attendue depuis longtemps. Maintenant il faut sans doute donner des garanties en termes de mise en oeuvre de cette autonomie, en termes d'organisation de ces enseignements interdisciplinaires de façon à ce que chacun se sente parfaitement mobilisé autour de cette réforme qui, sans les enseignants, serait un échec». 

    Laurent Berger (CFDT). «Le collège est profondément injuste (...) Il faut éviter le statu quo et permettre à tous de réussir et ce n'est pas niveler par le bas mais au contraire faire vivre le principe de l'égalité républicaine que tout le monde a dans la bouche aujourd'hui», a estimé le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, invité mardi sur RTL , alors que le Sgen-CFDT est le seul syndicat, avec le SE-Unsa, à ne pas appeler les professeurs de collège à la grève. «La réforme du collège permet du travail interdisciplinaire, elle permet à tous les jeunes à partir de la 5e d'avoir une deuxième langue et l'on sait que les langues, ce n'est pas ce qu'il y a de meilleur chez les Français», a-t-il ajouté.

    «Cette réforme permet aussi d'accompagner le plus grand nombre de jeunes, notamment ceux qui sont en difficulté», a poursuivi Laurent Berger. «C'est une réforme qui ne règlera pas tout mais qui permet aux enseignants, aux équipes éducatives, de se préparer pour mettre en oeuvre ce projet à la rentrée 2016», a-t-il ajouté. Interrogé sur la contestation de la réforme, il a estimé que «l'école est un sujet qui touche tout le monde et (...) c'est devenu un objet politique. Et là on prend en otage les jeunes, on prend en otage les familles, on prend en otage les enseignants qui sont tous victimes».

    Le secrétaire général de la CFDT considère que cette réforme «pose simplement les bases d'une amélioration du collège, un collège unique pour tous mais qui permette à ceux (qui sont) les plus en difficulté de s'en sortir». «Le plus important, c'est l'élève. Encore une fois, on va politiser un débat et ne pas mettre l'élève au centre des préoccupations. On a eu la même chose au moment des rythmes scolaires».
    «Je ne suis pas contre les élites, mais ce n'est pas contradictoire avec le fait d'aider ceux qui sont le plus en difficulté, a encore relevé Laurent Berger. Et les enseignants ont tout à y gagner. L'idée n'est pas de stigmatiser les enseignants».

    VIDEO. Laurent Berger mardi matin sur RTL

    Laurent Berger soutient la réforme du collège par rtl-fr


    votre commentaire
  • http://www.snes.edu/Reforme-du-college-28554.html

    Réforme du collège : le SNES interpelle la Ministre
    mardi 19 mai 2015

    Madame la Ministre,

    Aujourd’hui, plus d’un enseignant sur deux travaillant en collège est en grève pour exprimer le refus de votre projet de réforme du collège.

    Pourtant, tous ces personnels n’ont pas choisi de gaieté de cœur de ne pas prendre leurs classes aujourd’hui et de perdre une journée de salaire. Ils n’ont pas fait ce choix parce qu’ils seraient ringards ou arc-boutés sur une vision rétrograde de leur métier. Ils inventent au quotidien, ils assurent depuis des années leur mission dans des conditions de plus en plus dégradées et attendent un changement d’orientation des politiques éducatives au service de la réussite de leurs élèves.

    La dynamique du débat de l’été 2012 pour la refondation de l’École a été brutalement interrompue par votre projet qui a cédé à des sirènes qui, depuis 3 ans, refusent la recherche de toute forme de consensus pour imposer leur vision largement minoritaire dans nos professions. Ainsi l’interdisciplinarité proposée n’est pas celle qui était attendue et l’autonomie que vous envisagez n’est pas celle des équipes pédagogiques et éducatives. La réforme annoncée ne sera pas pédagogique, quoique ses promoteurs en disent, mais bureaucratique.

    Il est encore temps, et nous vous l’avons redit au Conseil Supérieur de l’Éducation du 10 avril, de reprendre le fil des discussions et de stopper ce qui s’annonce comme un véritable gâchis pour les jeunes, pour nos professions. Prenons le temps du débat sur l’articulation des enseignements disciplinaires avec les formes de l’interdisciplinarité, sur ce que doit recouvrir l’expression « marges de manœuvre des établissements », sur les conditions d’étude des élèves et la notion « d’accompagnement », sur les conditions de travail et de formation des personnels, sur les moyens pour développer le travail collectif…

    Le SNES-FSU, majoritaire chez les personnels d’enseignement, d’éducation et d’orientation du second degré et donc, à ce titre représentatif, renouvelle solennellement sa demande de retrait de votre projet et de reprise immédiate des discussions pour l’avenir du collège.

    Frédérique ROLET, Roland HUBERT
    Co-secrétaires généraux du SNES-FSU

     

    http://www.snes.edu/College-28553.html

    Collège - grève majoritaire
    mardi 19 mai 2015


    Une mobilisation importante dans le second degré avec des manifestations dans toute la France et, dans les collèges, plus d’un enseignant sur deux en grève aujourd’hui pour exprimer leur refus du projet de réforme du collège.

    Cette grève majoritaire n’est pas le fruit d’un supposé conservatisme ou élitisme des enseignants mais bien la volonté de s’opposer à un projet qui ne correspond pas à leurs attentes.
    Le gouvernement doit entendre le message clair de la profession attachée à la réussite de ses élèves et à un service public d’Éducation Nationale de qualité.
    La Ministre doit écouter ce que les personnels du second degré lui disent : retrait du projet et réouverture immédiate des discussions dans l’esprit de la loi de refondation et dans le respect des professions de l’enseignement, de l’éducation et de l’orientation.

    Le SNES-FSU décidera des suites de l’action en fonction des réponses du gouvernement et de la Ministre qu’il interpelle ce jour par une lettre ouverte. Il appelle les collègues à rester mobilisés.


    votre commentaire
  • Le Monde | 19.05.2015 à 12h33 • Mis à jour le 19.05.2015 à 17h50 |Par Matteo Maillard et Séverin Graveleau

    Au défilé parisien des enseignants en grève contre la réforme du collège, le 19 mai.

    Quelques milliers d'enseignants sont descendus dans la rue mardi 19 mai, pour protester contre la réforme du collège. A la mi-journée, le ministère de l’éducation nationale indiquait que 23,44 % des enseignants de collège étaient en grève. Selon les remontées académiques, ils seraient 27,61 % dans les établissement publics et 6,75 % dans le privé.

    Du côté de l’intersyndicale qui avait appelé à la grève – SNES-FSU, SNEP-FSU, Snetaa, Snalc, SUD Education, FO et CGT Educ’action – on avance le chiffre de « plus de 50 % d’enseignants grévistes ».

    Comme à chaque grève, les estimations varient sensiblement entre le gouvernement et les syndicats. La différence entre ces deux chiffres s’explique par les méthodes de calcul utilisées de part et d’autre. Le SNES-FSU indique obtenir ce résultat « à partir d’un échantillon de 10 000 enseignants (...) en service aujourd’hui ». Alors que le taux de grève du ministère est établi sur la base du nombre de professeurs des collèges en grève rapporté au nombre total d’enseignants en collège.

    Forte mobilisation en Ile-de-France

    Le SNES-FSU, syndicat majoritaire dans le second degré, dresse déjà une carte de France de la mobilisation. Parmi les départements où le plus d’enseignants seraient en grève, la Charente occupe le haut du tableau (69 % de grévistes), suivie par la Seine-Saint-Denis (62 %) et la Seine-et-Marne (61 %). Paris, les Bouches-du-Rhône, les Yvelines auraient des taux de mobilisation entre 56 et 60 %.

    Des manifestations ont été organisées dans une cinquantaine de villes. A Paris, le défilé est parti du jardin du Luxembourg à 14 h. Selon la préfecture de police, il y avait entre 3 400 et 3 600 manifestants. Des slogans comme « Abrogation ! » et « cette réforme on n'en veut pas, notre collège vaut mieux que ça », se faisaient entendre dans le défilé.

    A l’unisson, 1 400 personnes ont défilé à Lyon, un millier à Lille, 600 à Toulouse ou encore 500 à Bordeaux selon la police. Les professeurs de langues anciennes et d'allemand étaient particulièrement représentés.

    « Des interrogations légitimes »

    Depuis Berlin, le président François Hollande a défendu la réforme contestée, mardi, estimant qu'elle devait « permettre d'assurer la réussite pour tous » et « l'excellence ».

    « Il y a des interrogations, elles sont légitimes. Mais il y a une réforme qui doit permettre d'assurer la réussite pour tous (...) et l'excellence. C'est l'esprit de la réforme du collège. »

    Lire aussi : Réforme du collège : le gouvernement face à la fronde des enseignants

    Plus tôt, la ministre de l'éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, avait de nouveau rappelé que la réforme du collège « se fera » et entrera en vigueur comme prévu à la rentrée 2016 car « elle est indispensable », selon elle. La ministre, en première ligne sur le dossier, a toutefois assuré avoir entendu le mécontentement d'une partie des professeurs, et promis que des « garanties » pour une bonne mise en œuvre de la réforme seraient introduites dans les textes d'application. « Je suis ouverte à la discussion », a-t-elle répété.

    • Séverin Graveleau
      Journaliste au Monde
    • Matteo Maillard
      Journaliste au Monde


    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/education/article/2015/05/19/reforme-du-college-les-enseignants-dans-la-rue-pour-demander-l-abrogation_4636289_1473685.html#KyxIlCPxWgUmmCh9.99


    votre commentaire
  • - Publié le 19/05/2015 à 21:17
    http://www.lepoint.fr/politique/college-hollande-determine-a-poursuivre-la-reforme-19-05-2015-1929627_20.php
     
    Le président François Hollande à Carcassonne, le 19 mai 2015
    Le président François Hollande à Carcassonne, le 19 mai 2015 © AFP - PASCAL PAVANI

    Le président François Hollande a réaffirmé mardi la détermination de son gouvernement à poursuivre la réforme du collège, tout en soulignant que les "observations" dont elle fait l'objet seront prises en compte.

    "Nous continuerons, nous tiendrons compte des observations. Une concertation sera engagée sur la mise en oeuvre, mais la réforme sera poursuivie et mise en oeuvre", a déclaré le chef de l'Etat dans un long discours à Carcassonne (Aude), où il a évoqué le "chemin parcouru" depuis son arrivée au pouvoir il y a trois ans, et "ce qui reste à faire" durant les deux dernières années du quinquennat.

    "Nous voulons que dans l'école publique (...), dans les collèges qui sont également sous convention, il puisse y avoir plus de chances pour tous et l'excellence pour chacun. Et ce n'est pas en baissant le niveau, c'est en élevant le niveau. C'est ça la justice et l'égalité", a-t-il poursuivi, estimant que l'éducation "a besoin d'une politique, pas d'une polémique".

    "Ecole, excellence, égalité: en République, ces trois mots n'en font qu'un", a-t-il encore insisté.

    19/05/2015 21:15:55 - Carcassonne (AFP) - © 2015 AFP


    votre commentaire