• Le Point - Publié le 19/05/2015 à 10:58

    L'éphémère ministre de l'Éducation nationale a prôné l'apport de "garanties" aux enseignants dans la mise en place des enseignements interdisciplinaires.

    L'ex-ministre (PS) de l'Éducation nationale Benoît Hamon.

    L'ex-ministre (PS) de l'Éducation nationale Benoît Hamon. © AFP PHOTO / BERTRAND GUAY

    L'ex-ministre (PS) de l'Éducation nationale Benoît Hamon a apporté son soutien mardi à la réforme du collège portée par Najat Vallaud-Belkacem et a prôné l'apport de "garanties" aux enseignants dans la mise en place des enseignements interdisciplinaires.

    "C'est une des composantes de la loi sur la refondation de l'école de la République avec la réforme des rythmes scolaires, la réforme de l'évaluation qui, j'espère, sera remise sur le tapis bientôt, la question de la priorité au primaire, la refonte des programmes d'ores et déjà engagée, le retour de la formation initiale des enseignants. Tout cela a une cohérence, ce sont les différentes pièces d'un puzzle qui vise à lutter davantage contre les inégalités, notamment sur ce moment important de la scolarité qui est la scolarité obligatoire", a déclaré Benoît Hamon sur France Inter.

    "Soutien très fort de la majorité"

    Le gouvernement "s'est beaucoup mobilisé et je pense qu'il a raison de le faire. Une réforme du collège aussi importante que celle-ci, qui prolonge tous les efforts d'ores et déjà réalisés dans le domaine de l'Éducation nationale, a besoin d'être portée politiquement au plus haut niveau de l'exécutif", a poursuivi le député des Yvelines.

    Najat Vallaud-Belkacem, qui lui a succédé Rue de Grenelle, "bénéficie du soutien très fort de toute la majorité", a-t-il assuré. Pour autant, "je ne pense pas qu'il faille considérer que tous ceux qui parfois protestent, critiquent, veulent amender une réforme sont des conservateurs qui ne voudraient rien changer. Il faut les écouter, c'est l'engagement qu'a pris Najat Vallaud-Belkacem et elle a bien fait", a poursuivi Benoît Hamon.

    Les enseignants, appelés à faire grève mardi, "sont inquiets, si j'écoute les différents syndicats, de ces 20 % d'autonomie qui seront donnés aux établissements pour pouvoir mettre en place ces fameux enseignements interdisciplinaires". Lesquels sont "indispensables si on veut permettre aux élèves de maîtriser des savoirs qui sont attendus d'eux en termes de connaissances et de compétence au terme de leur scolarité obligatoire", a estimé l'ancien ministre. "C'est une innovation pédagogique qui était attendue depuis longtemps. Maintenant, il faut sans doute donner des garanties en termes de mise en oeuvre de cette autonomie, en termes d'organisation de ces enseignements interdisciplinaires de façon à ce que chacun se sente parfaitement mobilisé autour de cette réforme qui, sans les enseignants, serait un échec", a-t-il conclu.


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  • http://www.lepoint.fr/politique/valls-le-decret-de-la-reforme-du-college-publie-le-plus-rapidement-possible-19-05-2015-1929430_20.php

    - Publié le 19/05/2015 à 11:36 - Modifié le 19/05/2015 à 11:40

    Manuel Valls a assuré mardi que la réforme du collège serait "mise en oeuvre" et que le décret serait "publié le plus rapidement possible", alors que les professeurs sont appelés à observer une journée de grève.

    "Je suis confiant, cette réforme va être mise en oeuvre comme c'était prévu, et le décret sera publié le plus rapidement possible", a déclaré le Premier ministre à son arrivée à l'Assemblée nationale, avant la réunion du groupe socialiste.

    M. Valls a voulu "rendre un hommage particulier aux enseignants de France" qui "font un travail formidable". "Je leur fais confiance, cette réforme est aussi un outil pour eux, pour leur travail", a-t-il dit.

    "Ce gouvernement fait beaucoup pour l'école. Depuis 2012, nous augmentons les postes d'enseignants, nous donnons une prime exceptionnelle aux enseignants qui travaillent dans les établissements les plus difficiles, nous renforçons la formation des enseignants qui avait été saccagée au cours du quinquennat précédent", a poursuivi le Premier ministre.

    "Cette réforme est indispensable. Sur ces sujets-là, les gouvernements précédents avant 2012 n'avaient jamais été capables de faire une réforme qui correspondent à l'intérêt général. L'autonomie est demandée par tous depuis des années. En accordant 20% d'autonomie à chaque collège, on fait un pas considérable qui va permettre d'améliorer le travail pour les enfants dans les conditions qui sont prévues par la réforme", a assuré M. Valls.

    "Il ne faut pas avoir peur de la réforme. Au fond, on le voit bien, le débat est entre le mouvement, la réforme indispensable, et le statu quo ou le conservatisme", a estimé le chef du gouvernement. "Je vois les propositions de Bruno Le Maire, de l'UMP: les élèves ne pourraient plus apprendre une deuxième langue, il y aurait une école inégalitaire, on privilégierait au fond de plus en plus la privatisation du soutien scolaire. Ce n'est pas cette école que je veux pour les couches populaires, les classes moyennes, pour les Français de manière générale: je veux la meilleure école pour chacun", a-t-il conclu.

    Une intersyndicale, composée d'organisations habituellement opposées, appelle les professeurs à se mettre en grève et à manifester à Paris et dans une cinquantaine de villes. La réforme est également fortement contestée par l'opposition.

     

    19/05/2015 11:39:33 - Paris (AFP) - © 2015 AFP


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  • OPINIONS

    (Crédits : DR)Acteurs de l'économie  | 18/05/2015, 16:40 - 1074 mots

    La réforme du collège, censée intervenir à la rentrée 2016, procède sans nul doute de constats avérés, celui d'un système éducatif qui ne va pas bien. Le collège est cet endroit stratégique où tout se joue, or cette réforme conduirait à aggraver sa situation et à amoindrir les chances des élèves. Par Alain Morvan, ancien recteur de l'Académie de Lyon.

    Une réforme qui décrédibilise le collège public

    Le malheur veut que les projets retenus, qui doivent beaucoup à une symbolique libertaire et étroitement égalitariste, aient toute chance de décrédibiliser le collège public. Des structures qui n'ont rien de socialement sélectif, comme les Trissotins de la grisaille pédagogiste veulent le faire croire, seraient mises en pièces. Ainsi des sections européennes. Je suis un des recteurs qui en ont créé le plus - et bien des professeurs et chefs d'établissement se le rappellent. J'ai eu la fierté de voir à l'œuvre leur capacité d'entraînement pour les élèves, pour les équipes enseignantes.

    Elles créent du succès scolaire sans - il n'est pas honnête de prétendre le contraire - engendrer la moindre relégation scolaire ou sociale pour ceux qui n'en bénéficient pas. Elles ne prennent rien à personne, sinon un peu d'argent. Et elles ont eu le mérite exaltant d'offrir un second souffle à des langues culturellement et économiquement essentielles comme l'allemand, si menacé dans notre système scolaire que seule une politique volontariste (voire protectionniste) peut lui donner sa chance. Or le ministère de l'Éducation nationale décide de faire disparaître ces sections européennes. Sans que la moindre justification pédagogique ni théorique ne soit à ce jour avancée.

    L'enseignement est un ensemble complexe

    Les classes bilingues anglais-allemand risquent de faire les frais de la même logique d'arasement, tant on les rend dépendantes de la pratique de l'allemand à l'école primaire, où chacun sait qu'elle est malheureusement infinitésimale ou presque, faute d'enseignants formés, faute de moyens aussi.

    L'enseignement est un ensemble complexe, fragile, où le sort des structures ne peut être dissocié de celui des disciplines. L'Enseignement Pratique Interdisciplinaire, cet EPI déjà tristement célèbre, procède d'une intention louable, mais qui se fracasse sur la réalité des faits et des horaires. Pour les mettre sur pied, il faut rogner sur les disciplines. Et c'est ainsi que la langue latine, dont il est permis d'espérer qu'on puisse la défendre sans passer pour un fossile culturel, est sacrifiée. Une heure en classe de 5ème ! Autant dire rien. Écoutons ceux qui enseignent les langues anciennes et faisons-leur la grâce de croire qu'ils ne plaident pas pour des intérêts particuliers.

    Une lourde faute contre l'esprit

    Quel EPI sur l'antiquité, si astucieusement conçu soit-il, va en effet permettre ce contact d'abord rugueux, mais richement dépaysant et directement ouvert sur un exotisme et un mystère que les jeunes affectionnent presque tous, qu'est le premier contact d'une langue qu'on doit s'approprier ? Ne tuons pas le Champollion amateur qui sommeille chez bien des collégiens ! D'autant qu'il a ainsi la chance de cultiver son esprit d'analyse et de toucher du doigt ces invariants, ces universaux qui structurent nos civilisations. Rayer tout cela d'un trait de plume est une lourde faute contre l'esprit. Le résultat sera nécessairement un acquis culturel encore amputé, alors que tant de censeurs nous reprochent de former des élèves qui ne savent rien. Et relisons Klemperer, pour comprendre comment le rétrécissement de la conscience linguistique soutient le rétrécissement de la conscience tout court.

    Je ne parle pas des programmes d'histoire et de géographie, car je crois comprendre que sur ce point au moins le Conseil dit Supérieur des Programmes a été prié de revoir sa peu glorieuse copie. Espérons que les bévues les plus criantes, comme celle qui consiste à passer les Lumières à la trappe, seront corrigées. Il est vrai qu'elles aussi ont une fâcheuse vocation à affûter l'esprit critique. Qu'on ne me dise pas que c'est là ce qu'on leur reproche!

    Des intentions minorées

    Sans tomber dans le procès d'intention, le discours des thuriféraires de la réforme du collège inquiète quant aux intentions qui président à celle-ci. Il est en effet des concepts qu'ils minorent ou qu'ils taisent. Leur souci de ne voir aucune tête dépasser, leur acharnement à produire, au besoin au prix d'un coup de force contre la nation et contre l'esprit, une école « bienveillante » (comme si l'apprentissage des savoirs et de la vie devait n'être qu'une longue berceuse) se traduit par une suspicion constante envers les disciplines, envers l'appel au courage, au travail et à l'effort.

    Ce n'est pas vouloir faire du collège un camp de redressement ou un pensionnat à la Dickens que de rappeler que l'école est aussi une invitation au dépassement de soi, un lieu privilégié où l'excellence ne rejette pas les faibles, mais les engage à se hisser au niveau requis, un défi exaltant que l'on se lance jour après jour à soi-même. Qu'on cesse ce prêchi-prêcha infantilisant consistant à dénoncer je ne sais quel « entre-soi » dont bénéficieraient les bons élèves issus de je ne sais quelle bourgeoisie. Le propre du collège républicain doit être de reconnaître l'effort et le mérite comme seuls déterminants.

    Sophisme de première grandeur

    Un dernier mot. Pourquoi l'honnêteté intellectuelle serait-elle facultative dans ce débat si lourd de conséquences ? Pourquoi tant d'agressivité idéologique consistant à dire : puisque M. Sarkozy et Mme Le Pen sont contre la réforme, il faut que celle-ci soit bonne. Donc tous ceux qui la critiquent sont inspirés par la droite. C'est là un sophisme de première grandeur. La seule morale qui compte est ici celle de l'intérêt général, et je n'ai aucun scrupule - vraiment aucun - à me trouver en cette circonstance aux côtés d'esprits aussi différents que François Bayrou, Jack Lang, Alain Juppé, Julien Dray, Aurélie Filipetti ou Régis Debray.


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  • http://www.lemonde.fr/education/article/2015/05/19/la-reforme-du-college-a-elle-seule-n-est-pas-une-baguette-magique_4636195_1473685.html

    Le Monde | 19.05.2015 à 11h22 • Mis à jour le 19.05.2015 à 11h42 | Par Adrien de Tricornot

     

    Qu’elle agace, inquiète ou non, la réforme du collège ne laisse pas les professeurs indifférents. Parmi eux, beaucoup mettent en avant la réduction de l’enseignement de leurs matières. Les nouvelles grilles introduisent notamment des enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI), censés croiser les disciplines. Résultat : pour Luc Destombe, 40 ans, professeur de mathématiques dans un collège de la Loire, « on touche à l’essentiel : l’emploi du temps de tous les élèves, et encore plus de ceux qui bénéficient d’options. En 3e, la perte va de trois heures par semaine pour un élève sans option, jusqu’à huit heures pour un élève avec une option latin et bénéficiant d’un accompagnement éducatif ».

    « Aujourd’hui, j’ai cinq heures d’enseignement hebdomadaire du français en 6e, auxquels s’ajoute une heure d’accompagnement éducatif, témoigne Tanguy Simon, 35 ans, enseignant en français à Elancourt (Yvelines). Dans les nouveaux programmes, j’aurai quatre heures et demie d’enseignement et je devrai, sur ce temps-là, consacrer une heure à l’accompagnement éducatif », déplore-t-il. Tandis que les nouveaux EPI sont perçus avec appréhension : « L’histoire des mathématiques, cela me passionne et j’en ai toujours fait. Mais imposer les EPI risque de ne pas convenir à tous les enseignants, et de limiter la liberté pédagogique », explique Luc Destombe.

    La réforme du collège verra l’introduction de l’enseignement d’une deuxième langue dès la 5e et s’accompagnera de l’arrêt des classes bilangues ou des sections européennes. Ce qui soucie Sylvain Fontaine, 40 ans, professeur d’éducation musicale au collège Robespierre d’Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), de même que « la disparition de l’option découverte professionnelle qui permettait d’avoir des stages et d’envisager de mieux préparer une orientation professionnelle. Au total, on risque de perdre un public que ça intéressait, et certainement aussi en mixité sociale ». « On va interdire à mes élèves volontaires d’apprendre dès la 6e une deuxième langue, trois heures par semaine pendant quatre ans. Et en contrepartie, tous les élèves auront deux heures et demie d’enseignement à partir de la 5e, ce qui est insuffisant et beaucoup moins efficace », ajoute Carine Tennenbaum, 41 ans, professeure d’allemand dans l’académie de Rennes, soulignant que la classe bilangue est ouverte « sans sélection ».

    « Il y a moins de contenu pour le contenu »

    La réforme des programmes, en débat, recueille de son côté des avis très divers. En français, « le flou des programmes permettra de faire à peu près ce que l’on veut… mais pas de la façon qu’on souhaite. Cela risque en réalité d’aggraver les inégalités entre collèges sur ce qui est appris », dit Tanguy Simon. Pour Luc Destombe, « en mathématiques, un quart du programme est retiré en 3e, pour tenir compte de la baisse des horaires : la géométrie plane et euclidienne disparaît ». Ce n’est pas l’avis de Gaëlle Bonjean, professeure de mathématiques à Pouzauges (Vendée) : « Dans le cadre des EPI, je peux très bien faire de la géométrie euclidienne », souligne-t-elle.

    « La réforme est une première pierre qui doit être complétée par une refondation de la formation des enseignants »

    Et la professeure d’applaudir : « Je trouve le nouveau programme de mathématiques très bien rédigé. Il y a moins de contenu pour le contenu. Ce sont de très bonnes intentions qui s’expriment, et il faudra vraiment des enseignants extrêmement enthousiastes, ce qui est difficile avec des classes surchargées. » Pour Mme Bonjean, en effet, la réforme n’est pas le problème : « Ce qui me fait le plus souffrir – et mes collègues aussi –, c’est de ne pas pouvoir aider les élèves en difficulté dans une classe de 30, même si j’ai beau préparer plusieurs cours pour plusieurs types d’élèves, et quatre ou cinq types de devoirs différents pour la même classe. A 20 ou 25 élèves, ce ne serait pas pareil. Mais là, on se sent impuissants. »

    Pour Christophe Chartreux, 57 ans, enseignant en français et en histoire-géographie en Seine-Maritime, « la réforme à elle seule n’est pas une baguette magique, mais elle est une première pierre qui doit être complétée par une refondation de la formation des enseignants et un travail extrêmement important en direction des parents » pour les associer au collège. « Si les enseignants la prennent à bras-le-corps et y vont à fond, la situation des élèves les plus en difficulté s’améliorera », pense-t-il. « Le collège se contente de trier », déplore M. Chartreux. Pour lui ce « petit lycée » qu’est le collège devrait changer et mener sa propre vie.

    Lire aussi : Le collège idéal vu par les ténors de la droite

     

    • image: http://s1.lemde.fr/image/2014/03/20/24x24/1100511598_4_57a2_13953048447791-detricornot-adrien-economie-20131_f3d9d1509ed17f52ceeea9a4aa7bc3fb.jpg

       Adrien de Tricornot
      Journaliste


    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/education/article/2015/05/19/la-reforme-du-college-a-elle-seule-n-est-pas-une-baguette-magique_4636195_1473685.html#XJuTEbuVpucAKCCU.99


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      • Par Caroline Beyer
      • Mis à jour le 18/05/2015 à 22:37
      • Publié le 18/05/2015 à 19:29
    Jean-Pierre Chevènement.

     

    INTERVIEW - L'ancien ministre de l'Éducation, de 1984 à 1986, dénonce une réforme du collège qui va dans le sens du «laxisme».

    Vous êtes opposé à la réforme du collège. Pour quelles raisons?

    L'école souffre depuis longtemps d'une incessante «réformite». Pourtant, l'école a besoin de stabilité. Et les élèves issus de milieux modestes ont avant tout besoin d'une école structurée. Sa mission fondamentale est la transmission des savoirs et des valeurs républicaines. Cela ne va pas sans effort. Or, la «réforme» va toujours dans le même sens: le laxisme, au prétexte de l'ouverture et du «suivi personnalisé». Cette réforme du collège diminue les horaires des disciplines pour promouvoir des enseignements pratiques interdisciplinaires. Or, il n'y a de véritable interdisciplinarité que sur la base de savoirs disciplinaires maîtrisés.

    «Il n'y a de véritable interdisciplinarité que sur la base de savoirs disciplinaires maîtrisés.»

    Selon François Hollande, «il n'y a pas de raison qu'il y ait du statu quo à l'école, alors qu'il n'y a pas de statu quo dans les entreprises». Que pensez-vous de cet argument?

    François ...


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